VENDREDI SAINT

15 avril 2022

 

    « Voici l’homme ! » affirme Pilate.

 

    Jésus, seul visage de Dieu. Pleinement homme, pas seulement par nature mais parce qu’en lui, c’est toute l’humanité qui est là. Jésus, l’homme qui va jusqu'à la Croix.

 

    Vous le savez : la première génération de chrétiens n’a pas voulu représenter Jésus sur la Croix, tant ce supplice effroyable demeurait un traumatisme, même après la résurrection. Saint Paul ajoutera : « Nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens ». Même inconcevable, la Croix sera pourtant bien présente, dès les origines, dans la foi des baptisés. Le même saint Paul annoncera aux Corinthiens : « Je ne veux rien savoir d’autre sinon Jésus et Jésus crucifié » et aux Galates «  Que la Croix du Christ reste mon seul orgueil ». Goût morbide de la souffrance ? Non. À travers les siècles, l’Esprit Saint a enraciné, dans le cœur des croyants, la conviction que la Croix du Christ est ce qui fonde notre espérance et soutient notre persévérance dans les épreuves. Car dans la contemplation de la mort et de la résurrection de Jésus, nous est sans cesse redit jusqu'où va son amour pour nous, son amour pour moi. Si Jésus est allé librement jusque là c’est pour que nous allions dans le même sens : « Si le Christ nous a aimés ainsi, dit saint Jean, nous devons nous aimer les uns les autres ».

 

    La croix nous donne le courage de passer là où Jésus est passé le premier. Elle est le point d’appui, la force de beaucoup d’hommes et de femmes en détresse, dans le deuil, la maladie, la persécution, hier comme aujourd'hui. Car la Croix n’est pas uniquement un événement historique mais d'aujourd'hui ; selon l’expression du philosophe Pascal : « Jésus Christ sera en agonie jusqu'à la fin du monde. Il ne faut pas dormir pendant ce temps-là ». Oui, Jésus en agonie en tous ceux auxquels il s’est identifié selon l’évangile de St Matthieu : « J’ai eu faim, soif, j’étais un étranger, nu, malade, en prison ».

 

    La Croix de Jésus nous concerne de manière personnelle et universelle. Il n’y a pas d’un côté la passion du Christ vécue hier et nos épreuves d'aujourd'hui. C’est pourquoi, je n’ai pas tant à essayer de rejoindre Jésus dans ses souffrances pour moi que de le découvrir dans la trame douloureuse voire crucifiante de mon existence et de celle de tant d’hommes et de femmes, de jeunes et d’enfants, avec aussi cette perspective angoissante et révoltante peut-être, de ma mort et de celle d’être chers. C’est un renversement énorme : si Jésus est un exemple à imiter pour susciter notre générosité, il est davantage. Jésus est présence en moi, en nous ; victoire en moi, en nous, sur le mal et la mort. La question n’est plus de savoir si je vais tenir jusqu'au bout mais si, dans la mesure où je crois que Jésus vit et souffre avec moi et en moi, alors je peux affirmer que cette épreuve que je ressens comme absurde et insupportable, n’est pas sans issue, puisque je ne suis plus seul.

 

    Voici l’homme, vraiment Dieu, offert à notre foi… faisant corps avec chacune et chacun de nous, avec tous. Voici l’homme qui nous appelle à devenir des humains à son image et partager ainsi sa divinité. Il ne faut pas dormir pendant ce temps-là ! Par lui, avec lui et en lui, nous savons que l’abîme de nos angoisses et de nos ténèbres débouche sur la paix et la joie de Pâques.

 

Père Bertrand ROY

Permanences d'accueil à la maison paroissiale

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