SOLENNITÉ de LA TOUSSAINT

1er novembre 2022

 

    Quel est le sens de cette solennité de la Toussaint ? Qui fêtons-nous ?

 

    Dans la première lecture, au livre de l’Apocalypse et dans l’évangile de saint Matthieu, il est question du regard : « J’ai vu une foule immense que nul ne peut dénombrer » et « Voyant les foules, Jésus gravit la montagne ».

 

    Ouvrir les yeux sur les autres ! Pour voir quoi ? Les défauts qui poussent au mépris ? Les paroles et les gestes ordinaires qui font grandir ?

 

    Quand j’écoute le récit de vie que font des proches lors des obsèques de leur défunt, je n’entends pas un panégyrique plus ou moins orienté, mais je reconnais dans la foi, par petites touches non exhaustives, la sainteté de Dieu qui a travaillé et animé une personne, qui l’a ouverte au-delà d’elle-même. Dieu seul est saint et je crois aussi qu’il n’est pas lointain mais qu’il habite le cœur de tout homme, de toute femme, qui consent à vivre de son Esprit Saint, et lui fait porter des fruits d’amour et de vie. Ce sont ces fruits de sainteté que Jésus discerne dans la foule des gens qu’il a rencontré : Heureux les cœurs de pauvre, les affligés, les doux, les artisans de paix, de miséricorde, de justice, les témoins de la tendresse de Dieu et de la foi jusque dans l’absurdité et la violence ! La sainteté de Dieu accueillie et épanouie dans l’existence de multitudes d’hommes et de femmes de tous les temps, « que nul ne peut dénombrer ». Car on ne pèse pas, on ne délimite pas, on ne recense pas la sainteté de Dieu dans la vie de qui que ce soit. On la devine ! La sainteté de Dieu, c’est-à-dire la vie dans son amour, repérée par des traces d’Évangile, dépasse notre perception, même la plus affinée. Chaque jour, il n’y a pas qu’un saint qui soit honoré, même si un seul nom apparaît au calendrier, mais une multitude d’hommes et de femmes, propres à chaque diocèse, à chaque pays, inconnus de beaucoup, dont on fait mémoire localement. « Foule immense que nul ne peut dénombrer » : la vision de l’Apocalypse ouvre ainsi un large horizon de joie. Car il n’y a pas de choix à faire entre bonheur et sainteté. Dans l’évangile, les deux sont synonymes.

 

    Spontanément, nous confondons sainteté et perfection morale. Quand au long de l’année, nous faisons mémoire d’hommes et de femmes inscrits au calendrier de la sainteté, des exemples suscitent notre admiration, avec lesquels nous ne pouvons pas rivaliser. Nous pensons souvent qu’ils avaient des prédispositions et des motivations, que nous n’avons pas, en raison du caractère exceptionnel, parfois héroïque de leurs réalisations, de leurs qualités, de leur foi. Nous oublions que beaucoup ont traversé de dures épreuves, qu’ils ont chuté, et même, connu des doutes. Leur sainteté ne vient pas de leur perfection mais de l’ouverture de leur être tout entier. La fête d’aujourd’hui nous fait prendre conscience que la sainteté déborde largement ces têtes de file qui, fort heureusement, continuent de nous stimuler. Elle nous invite aussi à la prudence : face à notre besoin invétéré et pieux d’admirer des stars de sainteté, l’actualité de ces dernières temps nous a appris que beaucoup n’étaient que des gourous manipulateurs. Les saints que l’Église reconnaît ne sont jamais des idoles !

 

    Et il y a tous les autres, anonymes. Parmi eux, des gens qui ont traîné des faiblesses, pas gâtés par la nature, ayant mené des combats avec eux-mêmes sans toujours les gagner, mais ayant tenu insensiblement la main de Dieu, dans les heures claires comme dans les nuits obscures. Leur effort persévérant dans l’humilité les a mis sur le chemin du Royaume de Dieu ! Souvenons-nous de la parabole du pharisien et du publicain, priant dans le Temple : le pharisien est plein d’orgueil et se croit parfait tandis que le publicain se pense perdu et se fait tout petit. Le juste est celui qui s’est ajusté à la miséricorde de Dieu. Son cœur est blessé et laisse ouverte une porte où pourra s’engouffrer la tendresse de Dieu et le transformer. C’est pourquoi, ce ne sont pas nos insuffisances, même s’il faut les combattre autant que possible, qui font obstacle à la sainteté de Dieu, mais notre suffisance, la vaine gloire : « Heureux les cœurs de pauvre, le Royaume des Cieux est à eux ». Voilà qui a fait dire au Bienheureux Jean Joseph Lataste, après avoir vénéré les reliques de Marie Madeleine à la Sainte Baume : « Il est donc vrai que les plus grands pécheurs ont en eux ce qui fait les plus grands saints ? Qui sait s’ils ne le deviendront pas un jour ? »

 

    Dans la foule que Jésus regarde avant de prononcer les Béatitudes, il y a comme deux espèces de saints. Ceux dont la sainteté ne reluira jamais ici-bas et ceux dont la sainteté soulèvera notre action de grâce. Les uns et les autres sont nos frères et sœurs. C’est pour nous qu’ils sont différents, pour que nous ne soyons pas tentés, ou par l’orgueil ou par le découragement. Devant Dieu, ils sont pareils : lui seul peut voir en chacun le joyau de sa sainteté.

 

    L’appel à la sainteté retentit encore aujourd'hui pour nous tous. La sainteté est notre présent, en nous : « Désormais, nous dit saint Jean, nous sommes enfants de Dieu ». Elle est notre avenir en Dieu : « mais, poursuit-il, ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. » Avançons ensemble, à la suite de Jésus, Saint parmi les saints, avec la multitude des bienheureux, sur ce chemin d’enfantement du bonheur qui ne finit pas.

 

Bertrand ROY+

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