SEIZIÈME DIMANCHE ORDINAIRE A

23 juillet 2023

 

    À la suite de la parabole du semeur, entendue dimanche dernier, voici la parabole du bon grain et de l’ivraie. Le semeur, c’est Dieu et le bon grain, c’est sa Parole de vie. Le semeur verse le bon grain sur tous les terrains parce que son amour est offert à tous les hommes, sans sélection. Mais voilà que le cœur de l’homme et le monde sont envahis par de l’ivraie. Inutile de l’arracher sous peine d’abîmer les bonnes pousses auxquelles elle est mélangée.

 

    Cette parabole met d’abord le projecteur sur Dieu. Il voit l’ivraie dans le champ comme il voit la violence, la haine, les injustices, les incivilités et les trafics en tous genres. Il est spontané que lorsqu'on est victime de ces maux, on réagisse douloureusement. Certains vont jusqu'à dire qu’il faut « nettoyer » pour éradiquer. Mais ce n’est pas la solution que nous donne Jésus.

 

    L’évangile nous rappelle que le mal ne vient pas de Dieu. Dieu n’est pas responsable des violences faites aux plus faibles, ni du racisme et de toutes les rejets, a fortiori qu’il nous interdit de tuer en son nom. La création est bonne et si elle est déréglée, cela ne vient pas de lui. Il y a donc un adversaire, une puissance sournoise et séductrice, qui disperse dans le monde et dans nos cœurs des graines de violence et de mort. C’est celui que la tradition biblique nomme le diable. Il sème l’ivraie qui se traduit par zizanie. Semer la zizanie, c’est dérégler les relations de l’homme avec la création, les relations des hommes entre eux, les relations de l’homme avec Dieu. Jésus appelle à la vigilance car cet ennemi de l’homme et de Dieu agit en pleine nuit pendant que nous dormons, c’est-à-dire lorsque nous sommes plus vulnérables et donc plus manipulables. La tradition biblique nous met en garde : le diviseur redouble d’ardeur lorsque nous progressons en sainteté ; il l’a fait auprès de Jésus aux moments clés de sa mission. Nombre de saints en ont fait l’expérience.

 

    Que faire ? Céder au désespoir ? Extraire le mal ? Ces réactions sont normales. Mais Jésus propose une autre voie. Pas question d’arracher l’ivraie car le risque serait d’arracher aussi les bonnes pousses. La tentation est grande de classer les gens par catégorie et de faire des généralités. Délimiter les bons et les mauvais, les justes et les pécheurs, le pur et l’impur. Mais où mettre les frontières ? La réalité des personnes est plus complexe. Il arrive en effet que telle personne, à nos yeux ou par réputation, soit pleine de défauts et de faiblesse, et que par ailleurs elle soit très généreuse, très dévouée. Telle autre semble admirable par sa prière et ses engagements, mais intransigeante et violente avec les autres, capable d’injustices sociales. Une personne, que nous jugions pas très dégourdie ou pas très fine, nous surprend par ses réparties comme d’autres qui laissaient entrevoir de beaux contacts et qui nous déçoivent. Tout cela oblige à des appréciations nuancées et surtout à ne pas se mettre à la place de Dieu, qui seul, voit parfaitement clair en chacune et chacun. Et ce tri, il attend le dernier moment pour le faire.

 

    À l’écoute de cette parabole, la réaction facile est de se situer en spectateur de la vie des autres et de la vie du monde. On pense alors que Dieu a fait le choix de faire cohabiter des gens de bien, le bon grain et des gens mauvais, l’ivraie. Or, les hommes ne sont pas séparés en deux camps. C’est d’abord en nous que vivent ensemble bon grain et ivraie, avec des intensités plus ou moins vives selon les circonstances. Soyons assez lucides et humbles pour reconnaître nos propres mélanges de meilleur et de pire. Dans le langage chrétien on dira que grâce et péché cohabitent, non pas en bonne intelligence mais comme des lutteurs dans un combat qui les oppose. Le combat n’étant pas d’extirper le mal, ce qui n’est pas en notre pouvoir, mais de ne pas lui donner prise ! Cela s’appelle la maîtrise de soi qui nécessite discernement, décision et grande patience !

 

    Le Christ Jésus est mort et ressuscité, ce qui veut dire que le mal est vaincu. Quand Matthieu écrit son évangile, sa communauté se met à en douter car le mal persiste à faire des ravages. Si la victoire définitive a été remportée, il nous reste à en mener tous les combats dans notre vie et notre histoire. Nos combats quotidiens pour le bien et la justice, pour éduquer au bien, pour un meilleur vivre-ensemble ne sont pas vains. La finale de la parabole l’exprime avec des images fortes : le meilleur de chacun est retenu dans le cœur de Dieu tandis que ce dont nous ne sommes pas satisfait et fier sera détruit dans le feu, disparaîtra. Que cette espérance nous donne de ne pas céder aux dangereux projets de purification de notre monde mais de chercher à faire grandir le meilleur en chacun et en nous.

 

Bertrand ROY +

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