VINGTIÈME DIMANCHE ORDINAIRE C

14 août 2022

 

    Les paroles prononcées par Jésus, sont très abruptes et semblent en contradiction avec ses invitations à l’amour, à la paix, à la vie ! Trois réalités très parlantes : le feu, l’eau et la division ! Les feux de forêt de cet été caniculaire font des ravages ! La sécheresse également avec le manque d’eau ! Les divisions : elles affectent autant les familles que les nations ! Comment recevoir cet Évangile dans un tel contexte ?

 

    Tout d’abord, le feu ! Dans l’antiquité et de nombreuses religions primitives, le feu est considéré comme une réalité sacrée. C’est une chose bien mystérieuse, à la fois utile pour vivre, pour créer, mais aussi difficile à maîtriser et destructrice. Les nombreux incendies de ces derniers jours dévastent la nature et des habitations. Dans la mythologie, ce sont les dieux qui gardent le secret du feu. Lorsque Jésus déclare : « Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il soit allumé », il ne se présente pas comme un pyromane qui veut anéantir la planète, mais comme celui qui transmet le don de Dieu, qui ne garde pas, comme un privilège, ce qui est divin et sacré, mais le partage et le répand au bénéfice de l’humanité. À la Pentecôte, les apôtres reçoivent l’Esprit Saint « comme des langues de feu ». Jésus est habité par la passion de transmettre l’amour de Dieu. Il ne cherche pas à mettre le feu aux poudres mais à ce que la Bonne Nouvelle se propage pour transformer le monde et habiter les cœurs. L’auteur du livre du Cantique des Cantiques dit de l’amour que « ses flammes sont des flammes brûlantes, c’est un feu divin ! » Lorsque Jésus meurt sur la croix, saint Jean écrit que Jésus remit l’esprit. Ici, il ne s’agit pas d’un euphémisme pour dire que Jésus est mort, mais le mot « esprit » est à comprendre comme étant l’Esprit Saint. Au moment où tout est achevé, Jésus remet, entre les mains de son Père, l’Esprit Saint dont il avait été rempli pour accomplir sa mission. Dans cet ultime acte d’amour, cet Esprit Saint est répandu sur le monde. Le feu que Jésus nous offre veut faire de nous des hommes et des femmes dont le cœur brûle de l’amour de Dieu. Jésus nous communique sa flamme pour que notre témoignage de foi éclaire, réchauffe, dynamise celles et ceux avec lesquels nous vivons, celles et ceux vers lesquels il nous envoie. Sommes-nous aussi empressés que Jésus, aussi passionnés que lui, à nous faire les relais de sa Bonne Nouvelle et de son Esprit Saint ? Demandons cette grâce d’avoir le feu sacré de l’Évangile.

 

    La seconde image employée indirectement par Jésus est celle de l’eau. « Je dois recevoir un baptême et quelle angoisse est la mienne jusqu'à ce qu’il soit accompli ! » Le mot baptême veut dire plongée. Jésus ne parle pas du baptême qu’Il a reçu dans le Jourdain mais de sa mort. Jésus est-il pressé de mourir ? Sa mission lui pèse-t-elle trop au point qu’il veuille qu’elle cesse ? Ou encore, Jésus aurait-il un goût morbide de la souffrance et de la mort ? Or, Jésus n’est pas un kamikaze. Peut-être exprime-t-il son souhait d’être fidèle jusqu'au bout, de ne pas dévier du chemin, de réussir à révéler et déposer l’amour de Dieu là où la haine et l’absurdité dépassent les bornes. Le baptême dont parle Jésus est celui de sa mort et de sa résurrection. Ce n’est plus un baptême d’eau mais de sang, expression du don total de lui-même. Le baptême que nous recevons nous plonge aussi dans le mystère pascal de Jésus. Dans l’Église primitive, le baptême était une vraie immersion dans l’eau : signe visible et sensible d’un passage, d’une transformation, d’une renaissance. Le candidat au baptême se dépouillait de ses vêtements et descendait dans l’eau. Par trois fois, le célébrant lui mettait la tête sous l’eau, avec les paroles du sacrement. Par trois fois, il relevait la tête en reprenant son souffle. Puis il remontait de l’autre côté de la piscine baptismale et était revêtu de blanc. Il était mort à sa vie passée, à une vie sans Dieu, à l’égoïsme et ressuscitait à un nouvel avenir, en alliance définitive avec Dieu, sur le chemin de l’amour. Le corps et le sang du Christ partagés à chaque eucharistie entretiennent en nous la source de notre baptême pour passer chaque jour de la mort à la vie par le chemin de l’amour.

 

    Enfin, une autre parole déconcertante : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, mais bien plutôt la division. » Et Jésus d’énumérer des oppositions familiales ! Il faut d’abord constater qu’il n’y a pas besoin de l’Évangile. ni du Christ pour que des familles se divisent. La tradition biblique présente le diable comme le diviseur, celui qui sépare de Dieu et des autres. On ne peut pas dire de Jésus qu’il ait fait l’œuvre du diable. Que signifie alors la division qu’il annonce ? Peut-être faut-il chercher une réponse en le regardant. Dès le début, à l’annonce de sa naissance, Marie et Joseph ont failli se séparer. Au Temple de Jérusalem, Syméon prophétise qu’Il sera un signe de contradiction. Dans son village de Nazareth et sa famille, dans le groupe des disciples, partout où il passe, sa parole suscite des refus qui en viennent à des ruptures. La Croix est l’expression de sa fidélité à l’amour et du refus des hommes à vivre dans l’amour. Les déchirures, qui peuvent aller jusqu'au martyre, ne sont donc pas la volonté du Christ mais plutôt les conséquences de l’attachement à sa personne et à son Évangile. Jésus prévient ceux qui veulent vivre du feu de l’Esprit Saint en plongeant leurs racines dans sa Croix, que tout ne sera pas confortable. Vivre sa foi, c’est choisir de se compromettre pour le Christ. Sans rechercher le conflit, ou se croire au-dessus des autres et jamais en s’écrasant au profit d’une cohabitation superficielle. La foi est un risque qui dérange !

 

    Le baptême nous a branchés sur la source de l’amour. La confirmation a mis en nous le feu de la Pentecôte. N’ayons pas peur d’être témoins du Christ !

 

P. Bertrand Roy

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