Deuxième dimanche de Pâques C

24 avril 2022

    Il y a des enfermements qui se comprennent !

    Depuis plusieurs semaines, des Ukrainiens vivent dans des caves pour se protéger des bombes !

    D'autres enfermements qui indignent !

    Celles et ceux qui vivent tranquillement dans leur confort, vont et viennent à leur gré, et cautionnent les projets de replis identitaires et nationalistes (ce qui n’a rien à voir avec le patriotisme!)…

    Toutes les peurs ne sont donc pas comparables et égales !

    Au soir de Pâques et les jours suivants, les disciples de Jésus, bouleversés par sa mort et par le tombeau vide, vivaient enfermés, par peur de subir le même sort que leur maître. En effet, la logique voulait que le pouvoir politique efface toute trace du Christ et de ses disciples, comme certains régimes d'aujourd'hui déforment l’information et suppriment leurs opposants. Verrouillées, bien sûr les portes du lieu où les disciples se trouvaient, mais surtout leur intelligence et leur cœur !

    Et Jésus les rejoint mystérieusement mais réellement.

    Qui accueillent-ils ?

    C’est un homme blessé qui leur offre la paix : « La paix soit avec vous ! » Un homme blessé, marqué pour toujours par la violence subie. Des blessures qui restent ouvertes, même si elles sont promises à la guérison. Car on ne peut pas effacer de nos corps comme de notre histoire la trace des atrocités que des hommes font à d’autres hommes. Insupportable négationnisme !

    Cet homme Jésus est descendu dans les enfers des hommes, leurs bassesses et leurs misères. Il a touché le fond. Et il en est remonté. Il est remonté à la surface pour retrouver ceux-là qui l’avaient « lâché » durant sa Passion. Cet homme blessé a la force de revenir vers eux et leur offre la paix. Cette paix qu’il a mûrie par le don de sa vie et qui est une victoire accompagnée de la rémission des péchés pour ses disciples. Il veut cette paix dans leur cœur et entre eux :« La paix soit avec vous ». La paix qui rétablit la confiance et l’unité de tous les vivants. Parce que le christianisme ne peut pas devenir une idéologie de méfiance, de haine et d’exclusion. Le christianisme véritable cherche toujours à cicatriser les relations et à susciter la fraternité, même si la fraternité réclame beaucoup de générosité audacieuse.

    Qu’a fait Jésus de ses blessures ? Pas un enfermement mais une ouverture ! Souvent, nos blessures nous poussent à nous défendre, à attaquer, à rendre des coups, à nous replier. En Jésus, aucune revanche, aucun reproche, mais l’ouverture d’une abondante miséricorde. L’amour qui descend dans les misères, qui pardonne et relève ! « Recevez l’Esprit Saint… » À la parole de Paix s’ajoute le don de l’Esprit Saint. Cet Esprit Saint qui l’a ressuscité d’entre les morts et l’a fait remonter des enfers, est offert à ses disciples pour les ouvrir, pour qu’ils vivent en ressuscités, libérés des peurs légitimes, avec la force de vivre leur foi au grand jour.

    Jésus, l’homme blessé, ouvert, qui communique son Esprit d’amour et de paix, va rencontrer un autre homme blessé : Thomas, et va l’ouvrir. Le jumeau ! Jumeau de qui ? Le frère de chacun de nous et parce qu’en lui habitent deux hommes ! Comme en chacun de nous : le doute et la foi, la présence et l’absence, la blessure et la joie, l’enthousiasme et la résistance. Thomas a été bien inspiré de réclamer les marques de la souffrance et de la mort de Jésus. Car elles rendent témoignage que les puissances de la mort ont été vaincues. Le Ressuscité est bien le Crucifié. Son combat visible pour aimer tous les hommes jusqu'au bout n’a pas été vain. C’est notre foi pour assumer ces temps difficiles et incertains que nous traversons.

    Laissons nous rejoindre aujourd'hui par Jésus, l’homme blessé-ressuscité, pour qu’il déverse en nos blessures son Esprit Saint d’amour, de pardon et de paix, pour nous garder ouverts à tous, libres de tout enfermement et joyeux dans l’espérance.

Père Bertrand ROY