21ème dimanche ordinaire C

21 août 2022

 

    Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » C’est la question angoissée d’un homme s’adressant à Jésus. Question qui a inquiété beaucoup de chrétiens durant des siècles. Pas sûr que nos contemporains se posent la même question ! Être sauvé, qu’est-ce que cela veut dire ? Pour le coup, les catastrophes naturelles de ces derniers jours mettent devant nos yeux des hommes et des femmes qui essaient d’en sauver d’autres. Il y a ainsi des dangers dont on ne peut pas se sortir par soi-même. Il faut alors un sauveteur, quelqu'un qui va prendre souvent un risque énorme pour sortir de la mort, de la détresse, de l’impasse celui qui est en train de périr. Risque énorme car le sauveteur peut perdre sa propre vie en décidant de sauver. C’est parce que la vie de l’autre lui tient à cœur qu’il prend ce risque. Si on admire celles et ceux qui portent secours, on est aussi révolté quand personne ne bouge alors que quelqu'un est agressé ou subit un accident. Sauver suppose donc de se sentir profondément solidaire des autres, de partager une communauté de destin.

 

    La foi chrétienne nous parle de Jésus comme du sauveur. Différent du sauveteur ! Le sauveteur sauve d’un sinistre ! Le sauveur est celui qui libère d’un mal-être. Mais alors, de quoi Jésus nous sauve-t-il ? Serions-nous en danger ?

 

    Il y a un mal profond qui guette chacun, un mal que nous pouvons porter toute notre vie. Ce mal plus ou moins ressenti, c’est de ne pas savoir ni pour qui, ni pour quoi nous vivons. C’est une absence de sens de l’existence qui peut mener au désespoir, à toutes sortes d’addictions, à des comportements qui détruisent. Pour Jésus, nous sauver, c’est d’abord nous révéler ce à quoi notre cœur aspire de plus profond, c’est nous aider à ne pas avoir peur de nous sentir appelés à plus beau et plus grand que ce que nous pensons être capables de vivre. La souffrance dont il vient nous tirer, souffrance que nous pouvons maquiller par des faux-fuyants, c’est l’aride solitude du cœur qui peut conduire au repli sur soi, au péché. Toute sa mission a consisté à mettre les personnes en relation avec elles-mêmes, avec leurs qualités et leurs fragilités et par conséquent à accueillir les autres tels qu’ils sont, à nouer avec les autres une alliance de confiance. Jésus a ouvert chaque personne à la présence aimante de Dieu ! Jésus a désigné en chaque personne ce puits profond d’amour qu’est Dieu et qui a soif de nous. Le salut dont parle la Bible, nous en avons eu un écho dans la première lecture, c’est l’humanité rassemblée, réconciliée en Dieu. Si sauver c’est tendre la main, c’est pour nouer une relation. Pensons à la fresque de la chapelle Sixtine où Dieu le Père et Adam se tendent la main pour se rejoindre. Il y a un élan qui traduit le désir d’une rencontre qui peut tout changer.

 

    « N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » St Cyrille d’Alexandrie (5ème siècle) commente : « Le Christ Sauveur de tous avait l’habitude de répondre à ceux qui l’interrogeaient, non pas tout à fait selon leur attente, mais en visant ce qui était utile et nécessaire à ceux qui l’écoutaient. Il le faisait surtout quand on voulait savoir quelque chose de superflu et d’inutile. » Que va dire Jésus ? « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite… » D'une certaine manière, Jésus se dérobe à la question posée parce qu’elle fait partie de ces considérations générales, de ces statistiques qui ne débouchent sur rien. « Efforcez-vous  ! » Jésus s’adresse à tous ceux qui l’accompagnent et qui cherchent en lui le bonheur. Le salut est donc destiné à tous. Il n’est pas lié à un titre, une hérédité, un privilège. Jésus est la porte, le passage vers le Royaume. Il est devant chacun, chacune. Cette porte est ouverte à tous mais elle est étroite. On ne peut pénétrer dans le Royaume qu’en se délestant. De quoi ?

 

    Je voudrais vous parler de deux églises. L’une se trouve en Bourgogne, l’autre est à Bethléem.

 

    Il y a une petite église romane en Bourgogne dont la porte d’entrée est si étroite qu’une personne armée ne peut pas entrer. Quiconque veut se joindre à la prière de ceux qui s’y trouvent doit abandonner son armure. On n’accède donc pas à Dieu en ennemi de qui que ce soit ou en conquérant. Dans la charte du Royaume, Jésus déclare : « Heureux les artisans de paix ! » : porte étroite !

 

    Avez-vous déjà vu la porte de la Basilique de la Nativité à Bethléem ? Elle est tellement basse qu’on y entre qu’en se courbant. On ne peut alors se joindre à la communauté qu’en s’inclinant profondément devant l’enfant et la croix. On entend Jésus nous dire : « Heureux les pauvres de cœur ! » et Marie que nous avons célébré lundi dernier chanter : « Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles » : porte étroite !

 

    Voilà le chemin du salut c’est-à-dire du bonheur véritable ! La porte étroite ne se franchit pas spontanément. L’architecture de ces deux églises nous donne deux clefs pour franchir la porte : tout d’abord, abandonner nos armures aux pieds de Dieu et aux pieds des autres. Puis s’incliner et servir, quitter toute suffisance et agir selon la justice de l'Évangile.

 

    Jésus était en route vers Jérusalem ! Il entraînait ceux qui se déclaraient disciples à ne pas se payer de mots ! Car la porte étroite qu’il allait franchir le premier et totalement, c’était la Croix ! La porte de l’amour qui débouche sur la Vie : celle de notre foi et de notre baptême.

 

P Bertrand ROY

Permanences d'accueil à la maison paroissiale

Mardi, mercredi et vendredi de 15 heures à 17 heures ;

Un samedi sur deux de 9 h 30 à 11 h 30 (hors congés scolaires).

Albums

Pour voir les albums photos... c'est par ici

Liens Utiles