TROISIÈME DIMANCHE DE CARÊME A

12 mars 2023

 

    L’évangile de ce dimanche met en scène une rencontre qui n’aurait pas dû avoir lieu !

 

    En effet, nous sommes en plein midi, à l’heure la plus chaude de la journée, le moment où chacun reste dans la fraîcheur de sa maison. Seuls les gens, qui veulent ne rencontrer personne, mettent le nez dehors. Ils seront sûrs de ne pas être abordés. C’est ce que recherche la femme de Samarie. Sans doute en raison de sa réputation peu reluisante. L’évangile donne quelques détails concernant sa vie sentimentale. En amont de tout cela, il y a ses origines étrangères. Les Samaritains sont ennemis jurés des Juifs. Une antique haine réciproque les éloigne. Et c’est une femme ! Les conventions de l’époque veulent qu’un rabbi, comme l’est Jésus, ne converse pas seul avec une femme. Voilà autant d’éléments qui laissent penser que la rencontre était impossible, et que si l’un avait aperçu l’autre, il ou elle aurait fui. Malgré tous ces obstacles, la rencontre s’est produite !

 

    L’endroit de la rencontre n’est pas fortuit ! C’est au bord d’un puits. Le puits de Sykar. Toute une histoire ! Les puits, tout au long de l’histoire biblique, sont des lieux de rendez-vous galants. C’est là que l’on vient, pas seulement pour puiser de l’eau, mais pour nouer des mariages et des alliances. La Samaritaine le sait. Mais elle ne vient que chercher de l’eau !

 

    Jésus et la Samaritaine ont pourtant des points communs. Ils sont fatigués et assoiffés. Faibles et seuls ! Les disciples ont quitté Jésus pour aller acheter des provisions. La femme, bien qu’ayant multiplié les expériences amoureuses, est profondément fatiguée et seule. Les voilà au bord du puits. Jésus, éreinté, pour d’autres raisons que la femme : il marche inlassablement vers les gens pour leur ouvrir le cœur, pour leur révéler leur véritable désir, pour les conduire à Dieu. Deux soifs vont donc se rencontrer. Jésus en a l’initiative. Comme un mendiant, il ose demander à la femme, dont on pense qu’elle n’a rien de bon à offrir : « Donne moi à boire ». Homme fragile comme nous le sommes, de quel eau a-t-il soif, Jésus, qui sur la croix, dans un dernier désir, criera : « J’ai soif ». C’est de l’amour du cœur de chacune et chacun d’entre nous, que Jésus est altéré. « Venez à moi… viens, suis-moi… » Jésus ne vient pas à nous dans des manifestations de toute puissance mais dans la fragilité de notre humanité ; de la crèche à la croix ! Surprise de la femme, qui se sait impure au regard de la Loi et doit douter d’elle-même : « Comment, toi… ? ». Remarque dérisoire à laquelle Jésus rétorque : « Si tu savais le don de Dieu et celui qui te dit : Donne-moi à boire, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » La femme était venu chercher de l’eau dans le puits et c’est la source qu’elle trouve et qui se donne ! Elle va quitter le puits pour s’attacher à la source. Dans la Bible, l’eau de source, c’est Dieu qui se donne : « Celui qui en boira n’aura plus jamais soif. » Elle va lâcher la cruche de toutes ses aventures insatisfaisantes pour consentir à l’aventure de la foi, avec des découvertes progressives. Plus question d’emprise sur son corps et son cœur comme elle en a connu. La preuve en est qu’elle n’aura pas honte de cette rencontre avec Jésus et en témoignera pour que d’autres en fasse la joyeuse expérience. La foi n’est donc pas un attachement qui rend esclave mais un chemin qui fait grandir la liberté. Si nous nous attardons sur les dialogues de cette rencontre, nous entendons la Samaritaine progresser dans sa connaissance de Jésus. Pas à pas, elle lui dit : « Toi, un juif », puis à plusieurs reprises « Seigneur », puis « Tu es un prophète », puis « le Messie » et enfin « le Sauveur du monde ». La foi se construit, par étape, comme une alliance qui se renouvelle, dans l’amitié avec Jésus. La foi qui commence par une surprise : la découverte que le Christ Jésus nous aime le premier et pour toujours, tels que nous sommes ! Il nous rejoint dans nos faiblesses, dans nos erreurs comme dans nos grandeurs, dans les écarts entre ce dont notre cœur aspire véritablement et les impasses dans lesquels nous nous fourvoyons ! Il s’agit de plonger dans le regard de Jésus qui jamais ne condamne mais appelle à une vie meilleure. Il croit en notre capacité à le reconnaître comme notre unique source de vie et d’amour, comme Sauveur, lui qui veut nous sortir des puits d’eaux polluées qui empoisonnent notre vie, des violences qui ravagent notre monde, pour faire de notre existence un dialogue avec lui.

 

    Voici que Jésus s’assoit aujourd'hui à la margelle de notre vie, de notre communauté, pour quémander un peu de notre amour et de notre foi. Il vient réveiller en nous la soif de vivre, d’aimer et de croire. Il vient raviver les sources de notre baptême. Notre baptême, non pas un événement lointain, mais la fontaine permanente de l’amour qui coule en nous, « l’amour de Dieu qui a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné », nous rappelle saint Paul. Une fois pour toutes ! Le temps du Carême nous est donné pour cela : quitter ce qui empêche la source de l’amour de donner tout son débit et toute sa fécondité, lâcher les cruches fissurées de nos recherches futiles, raviver notre espérance. « Si tu savais le don de Dieu » : cet humble don que nous allons recevoir, dans un instant. C’est Jésus, la rencontre inouïe que rien ne peut empêcher !

 

Bertrand ROY +

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