VINGT SEPTIÈME DIMANCHE ORDINAIRE C

2 octobre 2022

 

    Les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! »

 

    Demande surprenante de la part de ceux qui voyaient Jésus de leurs yeux, partageaient son quotidien, écoutaient sa Parole, étaient témoins de ces gestes sauveurs… autrement dit, qui avaient tout pour croire ! Cela aurait dû leur suffire !

 

    Il est vrai qu’à plusieurs reprises, les Apôtres s’étaient demandé si Jésus était bien l’envoyé de Dieu. Ils espéraient, comme nous en avons des représentations dans notre tête, un Dieu qui s’impose, qui remette de l’ordre, qui rectifie les défauts, qui empêche les accidents et les catastrophes, qui dispense de souffrir et aussi de mourir. Même Jean Baptiste, qui avait baptisé Jésus et avait entendu la voix du ciel le désignant comme le Fils de Dieu, avait douté. Il avait fait passer ce message à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons nous en attendre un autre ? »

 

    La demande des Apôtres est très humaine. La mission d’Apôtre reçue de Jésus, qui consiste à le faire connaître, à répandre la Bonne Nouvelle de l'Évangile, à constituer des communautés chrétiennes leur est apparue au-delà de leurs forces, comme elle l’est aujourd'hui pour nous tous. Pour être fidèles à cette mission, ils sentaient que la foi qui devait les animer, était trop faible. D'où leur demande : « Augmente en nous la foi ».

 

    Peut-être que leur demande nous redit aussi que le chemin de la foi n’est pas une large autoroute toute tracée d’avance, un chemin facile et acquis une fois pour toute, mais que ce chemin connaît des moments lumineux et d’autres très obscurs, des moments de joie mais aussi de désert intérieur. Sainte Thérèse, célébrée ce 1er octobre, a traversé des périodes de doute très profond et beaucoup d’autres saints. Jésus lui-même a crié son désarroi sur la croix, ressentant le lourd silence de Dieu : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Que Jésus et tant de saints aient été traversés par des doutes, le découragement, la perte du goût de la présence de Dieu, c’est plutôt rassurant. Ce qui veut dire que le doute et l’angoisse ne sont pas des défauts, ni en opposition à la foi, mais des signes que nous restons pleinement libres, même si c’est rude. La foi est souvent mise à l’épreuve lorsque nous, ou nos proches, avons des maladies ou des handicaps graves, mais aussi lorsque des scientifiques ou des philosophes nous déstabilisent par leurs recherches, ou encore lorsque nous sommes confrontés dans nos milieux de vie à des incroyants virulents, à des gens indifférents, ou lorsque des chrétiens sur lesquels on comptait « laissent tomber » ! On se sent souvent seuls et pauvres pour tenir dans la foi, à tout âge. On peut alors s’adresser à Jésus : « Seigneur, augmente en moi la foi » !

 

    « Augmente en nous la foi ! » Augmenter, c’est avoir plus. S’agit-il d’obtenir une plus grande quantité de carburant pour rouler plus longtemps et plus vite ? Jésus répond avec une image : une petite graine qui germe. Avec presque rien, on peut faire beaucoup ! Dans l’évangile, le peu n’est jamais ridicule. Ce que Jésus a fait, en prenant la tenue de service : avec quelques pains, il a nourri une grande foule ; avec des gens peu reluisants, il a fait des témoins d’Évangile ; avec des bras cassés et des écorchés vifs, il a reconstruit des vivants… La foi comme une petite graine de confiance, un élan du cœur, qui va donner un grand arbre. La petite graine de la foi semée à notre baptême ! Un arbre, à soigner, qui va grandir et porter des fruits d’amour et de vie, à travers notre histoire. Cet arbre, c’est chacun des chrétiens que nous essayons d’être ! Immense forêt que nous sommes ensemble, avec son feuillage, ses fleurs et ses fruits aux milles parfums et saveurs, accueillant tous les oiseaux du monde pour qu’ils puissent se reposer et se relancer, c’est l’Église, la communauté de foi et d’amour ici rassemblée.

 

    C’est pourquoi Jésus nous fait comprendre qu’il ne faut pas attendre de croire parfaitement selon l’idée que l’on a de la perfection, de tout comprendre, d’être moralement impeccables, d’éprouver des émotions particulières pour se lancer sur le chemin de la foi ! La foi n’est pas une chose que l’on possède au bout d’efforts surhumains ou réservée à des gens exceptionnels. C’est une confiance fragile et active. Active parce que c’est par l’amour que la foi s’exprime le mieux. Un exemple : Sainte Térésa de Calcutta s’est donnée à fond pour les plus pauvres. Durant de longues périodes de sa vie, elle ne savait plus si elle croyait encore. Pourtant, elle a continué de faire du bien. Elle vivait de l’Esprit Saint, sans rien ressentir, mais en vérité. C’est la raison pour laquelle Jésus établit un lien très fort entre le chemin de la foi et celui du service, car ce sont deux chemins inséparables de gratuité ! Gratuité parce que la foi et le service ne se mesurent pas ! Aussi Jésus nous invite-t-il à nous considérer comme de « simples serviteurs ». Heureux de croire et de servir, tout simplement ! La foi et le service ne nous mettent pas sur un piédestal. La foi et le service bouleversent plutôt l’organisation de notre vie de façon aussi extraordinaire que d’oser commander à un arbre d’aller se planter au milieu de la mer.

 

Bertrand ROY +

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