VINGT TROISIÈME DIMANCHE ORDINAIRE C

4 septembre 2022

 

   De grandes foules font route avec Jésus. Jésus s’arrête et se retourne. On imagine que la foule est stoppée dans son élan. Dans les textes évangéliques, quand Jésus se retourne, c’est pour dire des choses importantes. Souvenons-nous dans l’évangile de Jean : Jean le Baptiste a désigné Jésus comme l’Agneau de Dieu et sur cette proclamation, des hommes se mettent à le suivre ; Jésus se retourne et leur demande : « Que cherchez-vous ? ». Dans le même évangile, au jardin de Pâques, Marie Madeleine interpelle celui qu’elle prend pour le jardinier ; celui-ci, Jésus, se retourne et lui dit : « Qui cherches-tu ? ». Autrement dit : quel désir profond habite ta foi ? Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus énonce des conditions pour l’accompagner: « Si quelqu'un vient à moi… » et un peu plus loin, à l’aide des images de la construction et du combat, il fait une recommandation : commencer par s’asseoir.

 

    Commencer par s’asseoir !

 

    C’est la recommandation de Jésus faite à ceux qui veulent devenir disciples. En effet, Jésus ne cherche pas à séduire, à faire du recrutement à bon marché mais à rendre responsable, à ce que chacun prenne le temps de discerner en vérité ses intentions et mesure ses forces. Une recommandation qui vaut pour qui à l’intention de prendre une décision pour sa vie, qu’elle soit de petite ou grande importance. Recommandation exigeante alors que nous vivons souvent dans la précipitation, en réagissant instinctivement, plus que de raison, devant toutes sortes de sollicitations, devant les événements personnels ou mondiaux ! Avec les moyens informatiques et les réseaux sociaux, nous sommes souvent forcés de répondre à des demandes sur le champ, sans toujours avoir pris le temps de comprendre et d’analyser : on risque alors de s’embarquer trop vite !

 

    Commencer pas s’asseoir ! Une bonne recommandation en ce temps de reprise d’activités diverses… mais aussi en cette période de notre histoire, bouleversée par la pandémie, par les catastrophes climatiques, par les foyers de guerre et leurs impacts, par les disparités économiques, par les crises de vocations dans de nombreux domaines professionnels et associatifs comme de notre Église… Commencer par s’asseoir, non pour se lamenter mais pour mesurer les enjeux et les défis à relever, mais aussi la pertinence de nos désirs tout autant que nos ressources, et avancer !

 

    Commencer pas s’asseoir… c’est ce que Jésus faisait lui-même, à l’écart, dans la prière auprès de son Père ! Ce qu’il a fait avant de choisir ses apôtres, seul, dans la montagne ! Ce qu’avaient du mal à faire ces mêmes apôtres, qui s’emballaient et s’effondraient à la première contrariété. Pensons à l’apôtre Pierre, fier de ses promesses explosives et affligé par ses chutes récurrentes ! Avertissement que nous retrouvons dans les lettres de Saint Paul lorsqu'il préconise de bien accompagner les nouveaux convertis, les nouveaux venus à la foi chrétienne : ceux-ci s’enthousiasment vite, pensent être au dessus de la mêlée en sous-estimant la présence et l’action des anciens, en jugeant sévèrement la vitalité et les choix de la communauté qui les accueille, déçus parce que le christianisme de leurs rêves n’existe pas. Saint Paul préconise d’inviter chacun au réalisme et à l’humilité.

 

    Commencer pas s’asseoir pour hiérarchiser, mettre de l’ordre dans nos idées, nos souhaits et notre vie ! « Si quelqu'un vient à moi… » Pour cela, Jésus emploie deux mots très forts : préférer et porter sa croix ! Une écoute superficielle pourrait nous faire croire que la vie chrétienne n’est faite que de renoncements et de frustrations : programme peu attrayant !

 

    En réalité, préférer ne veut pas dire mépriser ou abandonner ! Jésus ne demande pas d’oublier sa famille, mais de vivre les relations familiales ou d’un autre ordre, dans son Esprit Saint. C’est cela le préférer : il est premier parce que rien ne peut l’égaler et je cherche à vivre toutes mes relations en sa présence, en référence à sa Parole de vérité. Car, à proprement parler, le mari n’est pas disciple de sa femme et la femme n’est pas disciple de son mari, pas plus que parents et enfants ne le sont les uns par rapport aux autres. Même si j’ai beaucoup à recevoir des autres, je ne suis disciple que du Christ Jésus, quelque soit mon état de vie. En rien cela ne dévalue l’amour conjugal, parental, filial, fraternel ou amical ! Cela resitue et ajuste mes multiples attaches humaines dans la lumière du Christ.

 

    Porter sa croix ne veut pas dire rechercher la souffrance : elle arrive sans qu’on le veuille. La croix, ce n’est pas subir l’existence et s’écraser ! La croix, c’est avancer en choisissant le chemin de l’amour qui sera toujours un chemin escarpé et étroit, qui rabotera en nous l’égoïsme. Sur la croix, Jésus affronte les forces du mal pour que la vie l’emporte.

 

    Jésus évoque la vie comme la construction d’une tour et comme une guerre ! Bâtir et combattre ! Bâtir son existence, la vie avec les autres, en Église, à sa suite. Combattre, non pas les autres, mais les racines du mal. Bâtir et combattre, des projets immenses qui nous dépassent et sont au dessus de nos forces. Et si préférer le Christ, c’était le laisser nous bâtir et nous rebâtir, le laisser combattre en nous et pour nous ?

 

    Pour le comprendre, commençons par nous asseoir ! Alors, nous verrons Jésus qui se retourne vers nous pour nous ouvrir un chemin de liberté !

 

Père Bertrand ROY

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