SEPTIÈME DIMANCHE ORDINAIRE B

20 février 2022

 

    Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus ose dire : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent... À celui qui te frappe, présente l’autre joue... » En écoutant ces paroles, des visages nous reviennent : des gens ont pu nous faire du mal, nous blesser, nous calomnier, nous abuser, nous rejeter. Jésus nous demande-t-il de nous laisser écraser par les violents et de leur donner raison en capitulant, de nous laisser dépouiller de tout? S’il s’agit de cela, avouons que c’est insupportable. Parce qu’être chrétien, ce n’est pas être maso ! Tout l’évangile nous montre Jésus qui défend les pauvres et les victimes. Et quand, peu de temps avant sa mort injuste, des soldats le frappent et crachent sur lui, il ne tend pas l’autre joue. Alors, que comprendre ?

 

    Les lectures de ce dimanche nous parlent de la violence. En résumé, elles nous disent que répondre à la violence par d’autres violences ne stoppe pas la violence. Aller jusqu'à tuer est une fausse victoire.

 

    Mais comment casser la spirale de la violence ? Car c’est là le véritable défi. Que faut-il entendre dans les paroles de Jésus ? Présenter l’autre joue à celui qui te frappe, c’est lui dire : « Ta cruauté est incapable d’atteindre mon être profond ! Je suis plus grand que le corps que tu fais souffrir ! Tu ne peux pas détruire ma liberté. » Souvenons-nous du témoignage de nombreux otages, injustement séquestrés et torturés, ayant tenu fermes dans leur détention. Ils ont gardé leur dignité par un combat intérieur plus que par un combat contre leurs bourreaux. N’oublions pas les réactions étonnantes de plusieurs proches des victimes du Bataclan, s’adressant aux assassins : « Vous n’aurez pas ma haine ! »

 

    Comprenons bien : toute violence est intolérable et il ne s’agit pas d’appliquer littéralement la parole de Jésus qui se veut volontairement provocatrice ! Nous avons le droit d’être révolté par les comportements cruels. La justice doit faire son travail. Mais, dans nos relations inter-personnelles, dans nos petits ou grands conflits, ce n’est pas la surenchère d’agressivité qui inversera la tendance. Il me faut me hisser plus haut que celui qui m’agresse, inventer une attitude qui le désarme. Si je ne riposte pas à sa violence, c’est pour l’aider, autant qu’il est possible, à voir qu’il est capable d’autre chose, comme j’essaie d’être moi-même autre chose qu’un rancunier.

 

    Ces jours derniers s’est ouvert le procès des assassins et des commanditaires de l’assassinat du Père Jacques Hamel. Vous souvenez-vous ? C’était le 26 juillet 2016. Ce prêtre, homme de dialogue avec tous, après avoir reçu des coups de couteaux et avant de mourir, a répété à ses bourreaux : « Va-t-en Satan ». Expression surprenante ! Expression de sa foi en l’homme créé fondamentalement bon par Dieu mais capable de se laisser fasciner et agripper par le diable. Des hommes poussés par le mal au point d’en faire de cruels barbares et des terroristes. Par ces simples mots prononcés au moment le plus pathétique qu’il soit, le Père Hamel, n’ayant rien perdu de sa lucidité, a voulu distinguer les personnes qui commettent le mal et le mal qui est en eux. Il ne s’agit pas, ici et nulle part, d’excuser les criminels, de justifier l’horreur. Il s’agit d’affirmer que tout homme, toute femme, a été façonné pour l’amour et non pour la haine, même s’il cède à la haine. C’est le testament bouleversant du Père Jacques Hamel, ayant puisé dans la lumière de sa foi et dans l’Eucharistie qu’il venait de célébrer, la force, non pas de subir sa mort mais d’en faire un don. Ses assassins n’ont pas pu lui arracher le don qu’il a fait de sa vie ni son espérance en la vie qui traverse la mort.

 

    Avouez que l’évangile de ce dimanche est dur à vivre. Jésus nous conduit là où la difficulté à aimer est la plus exigeante et complexe. Il y a quelque chose de surhumain en tout cela parce que c’est proprement divin. Jésus en a donné un témoignage éloquent sur la Croix : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Jésus a pris appui sur Dieu alors qu’il était épuisé et sans défense. Nous ne tiendrons pas seuls pour casser la chaîne de l’inhumanité et vivre la démesure de l’amour, c’est pourquoi nous pouvons appeler : « Seigneur, viens à notre aide ! » Oui, que Dieu nous aide à repousser les tentations de la peur, de la haine, de la mort, et à désarmer les violents. Messages de peur, haine, mort que diffusent sans vergogne des prétendants à des responsabilités nationales dont on pourrait espérer plus de hauteur ! Que le Seigneur nous aide à mettre notre vie et nos meilleures énergies du côté de la lumière, de la confiance, de l’amour et de la paix. Pour lui ressembler !

 

Père Bertrand ROY

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