VINGT TROISIÈME DIMANCHE ORDINAIRE A

10 septembre 2023

 

    Frères et sœurs ! Combien de fois me suis-je adressé à vous avec ces mots ? Des mots sincères pour nous reconnaître d’une même humanité, et si nous sommes chrétiens pour fortifier notre appartenance à l’Église. Des mots que l’on peut trouver exagérés ou même dépassés. Il peut en effet y avoir des sympathies naturelles qui nous font davantage communiquer avec telle ou telle personne mais aussi des antipathies sournoises ou déclarées qui nous mettent à distance. Pourtant, se considérer comme des frères et sœurs, est source de vie et de bonheur, quelles que soient nos convictions ! C’est le plus sûr chemin pour bâtir la paix. Avouons que la fraternité, dans les communautés de l’Église comme dans toutes les cellules de la société, ne va pas de soi. Les réactions spontanément violentes de personnes, jeunes ou moins jeunes, de groupes ou de personnalités, dont l’actualité nous alarme chaque jour, en France ou à travers le monde, nous pressent de redonner des lettres de noblesse à un vivre ensemble fraternel, basé sur la justice, la sagesse, la maîtrise de soi, le dialogue et donc le respect réciproque de la dignité de toutes et tous. « Fratelli tutti » : « Tous frères » ! C’est le titre d’une magnifique encyclique du pape François, qui a bien compris l’urgence de réapprendre la fraternité, partout, et il nous y exhorte à temps et contre temps.

 

    « Qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour ? » a chanté Daniel Balavoine !

 

    En nous recentrant sur l’amour fraternel, les trois textes de la Parole de Dieu de ce dimanche nous donnent des consignes pour sauver l’amour lorsque celui-ci est en danger. Autrement dit, la Parole de Dieu nous stimule pour ne pas nous lamenter ou nous résigner. Elle souffle à l’oreille de notre cœur une réponse à la question : « Qu’est-ce qui pourrait sauver l’amour ? »

 

    Au livre d’Ézéchiel, nous entendons personnellement cette parole : « Je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël ». Guetteur, c’est-à-dire veilleur, attentif à l’autre, à tes proches, à ton voisin, à ton collègue, à ta communauté, à ton peuple. Pas surveillant ou redresseur de tort mais décentré de toi, frère ou sœur ! Ayant conscience par expérience de tes propres faiblesses et écarts, tu ne pourras être indifférent à celui qui se détruit ou brise la cohésion du groupe auquel il appartient. La Parole de Dieu nous rend responsable les uns des autres, non pour faire valoir nos idées mais pour prendre soin les uns des autres et rechercher ensemble le bien commun.

 

    Dans sa lettre aux chrétiens de Rome, Saint Paul présente l’amour des autres comme une dette envers les autres et non comme une option au gré de nos sentiments. Il nous redit que la première vigilance à assimiler, c’est de veiller à ne rien faire de mal aux autres, ce qui est le b-a-ba pour les aimer, même si nous n’avons pas d’atomes crochus avec eux !

 

    Dans l’Évangile, Jésus propose une démarche en trois temps lorsqu'il est urgent de remettre un membre de la communauté sur les rails. Il ne s’agit pas ici d’un petit différent mais d’une atteinte grave qui brise des personnes et le vivre ensemble. L’Évangile souligne à la fois l’urgence de résoudre la difficulté, la volonté de ne pas humilier celui qui a fauté, et la mise en œuvre de tous les moyens imaginables pour rétablir la paix. Avec des paroles volontairement incisives, Jésus précise que si celui qui a porté atteinte à la vie des autres, à la communauté, se maintient dans la rupture qu’il a causé, il pourra être éloigné : son orgueil l’exclura lui-même. Nous savons par ailleurs combien Jésus n’enferme jamais personne dans son mauvais passé mais lui laisse entrevoir la patience et la miséricorde de Dieu, capable d’ouvrir des portes et un avenir à tous.

 

    Frères et sœurs, combien de fois avons nous cherché ensemble à vivre dans cet Esprit Saint ? Combien de fois avons nous voulu goûter ce bonheur de nous écouter, de nous réconforter, de nous encourager, de nous responsabiliser, de célébrer, de faire la fête ? Combien de fois avons nous tenter d’offrir aux jeunes, aux enfants et à leurs familles, aux personnes venues occasionnellement dans cette église pour célébrer un événement heureux ou douloureux, les chemins et l’espace d’une véritable fraternité. Mais comment devenir frères et sœurs sans nous reconnaître ensemble fils et filles d’un même Père ? Comment croire en la fraternité, comment s’ingénier à la bâtir, sans en recevoir le témoignage réussi et l’énergie nécessaire ? Notre seule intelligence et nos seules forces, incontournables, ne suffisent pas. Croyants, même balbutiants, nous avons un modèle et une source d’amour. C’est Dieu : Père notre créateur, Jésus le Fils notre sauveur et l’Esprit Saint notre conduite assistée ! Tout l’Évangile nous indique comment vivre en frères et sœurs à l’exemple obstiné de Jésus, en puisant dans la confiance inoxydable du Père, en nous laissant transformer par la lumière de l’Esprit Saint. Cette fraternité qui s’origine et se purifie en Dieu, nous l’avons vécu ensemble pour donner un avenir à l’Église et au monde. Nous l’avons célébrée et reçue à chaque messe. Nous l’avons demandée dans la prière. Nous l’avons apprise dans le partage de la Parole de Dieu. Nous l’avons ouverte aux chercheurs de sens, aux blessés de l’existence. Sans doute n’était-elle pas sans faux pas, mais elle était vraie ! Je vous souhaite de poursuivre ce chemin ! Je m’efforcerai de le vivre dans ma nouvelle mission, ce qui nous gardera en communion. Si ça vaut la peine, ça vaut surtout la joie ! Avec le Christ et le témoignage de Sainte Savine et du Bienheureux Louis Brisson, nous sauverons l’amour !

 

Bertrand ROY +

Permanences d'accueil à la maison paroissiale

Mardi, mercredi et vendredi de 15 heures à 17 heures ;

Un samedi sur deux de 9 h 30 à 11 h 30 (hors congés scolaires).

Albums

Pour voir les albums photos... c'est par ici

Liens Utiles