CINQUIÈME DIMANCHE ORDINAIRE A

5 février 2023

    « Ne te dérobe pas à ton semblable… alors ta lumière se lèvera dans les ténèbres… »

    Ce sont les recommandations que nous a adressées le prophète Isaïe dans la première lecture de ce dimanche ! Notre semblable : ceux et celles avec lesquelles nous vivons, les membres de nos familles, les gens que nous rencontrons dans notre travail et nos loisirs, mais aussi celles et ceux que nous ne connaissons pas et qui surviennent dans notre existence en appelant au secours ! Ne pas se dérober, ne pas fuir, ne pas sélectionner : ce n’est jamais gagné d’avance ! La Parole de Dieu nous conduit toujours à l’autre, aux autres ! En Isaïe, il est question des autres qui manquent de pain, des pauvres sans abri et sans vêtements. Ce sont les autres dans leur détresse, dans leurs manques, leurs insécurités. Il est si facile de s’en détourner. Nous n’aimons pas la souffrance des autres parce que la souffrance n’est pas aimable et que nous rêvons, à juste titre, d’une vie heureuse et paisible. Les autres, comme nous-mêmes, ne sont pas réductibles à leurs maux, quelle qu’en soit l’origine. Ce sont toujours des personnes avec lesquelles entrer en dialogue ! Faire reculer la souffrance, par la présence et le soin, par le secours et le partage, faire taire les paroles et les gestes malveillants, c’est changer l’obscurité en lumière, nous rappelle Isaïe. Faire aux autres ce que nous aimerions qu’on nous fasse si nous étions dans leur situation : « Si tu donnes à celui qui a faim ce que toi, tu désires », dit Isaïe ! « Ce que toi tu désires », pour toi ! Étrangement, lorsque nous venons en aide, la nuit cède la place à la lumière dans la vie des autres, et dans la nôtre également. Isaïe va jusqu’à dire que lorsqu’on vient en aide à quelqu’un, plutôt que de s’épuiser, on retrouve des forces ! Ce que Jésus a dit autrement : « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ».

    L’évangile de saint Matthieu n’y va pas par quatre chemins. Jésus nous dit : « Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde… » Nous voici revêtus d’une étonnante dignité ! Mais surtout d’une immense mission ! Paroles qui peuvent nous flatter un instant, ou nous réconforter quand nous allons mal, mais qui nous appelle chaque jour, dans tout ce que nous faisons, dans nos contacts, nos projets, à être « sel » et « lumière » ! Sauf que ce sel peut s’affadir et cette lumière peut se ternir s’ils ne sont pas entretenus et ne se diffusent pas. Dans ce cas là, nous devenons insipides et des éteignoirs ! Nous sommes donc chargés de donner du goût à la vie et briller devant les autres ! Mais pas pour conduire à soi mais à Dieuv: « Voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux » précise Jésus. Nous voici donc renvoyés vers Isaïe : si nous aimons en vérité, nous rendons témoignage à Dieu qui est sel et lumière de vie. C’est Dieu qui dépose en nous son sel et sa lumière. C’est quand nous en vivons que nous pouvons l’entendre nous direv: « Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde » ! Plus l’amour de Dieu est agissant en nous, plus on a de chance de voir la flamme qui nous anime et la saveur de notre existence. Le sel, c’est l’amour et la lumière, c’est la foi.

    Être sel de la terre et lumière du monde, d’accord, mais nous sommes faibles et pécheurs. Saint Paul en a fait l’expérience douloureuse, lui qui, avant sa conversion, persécutait les premiers chrétiens et qui avait de fausses idées de Dieu. Mais il a accepté que Jésus ressuscité s’approche de lui et bouleverse sa mentalité et son comportement. En fixant son cœur et sa vie sur le Christ Jésus, en vivant de l’Esprit Saint, il a été transformé et a diffusé, avec enthousiasme et courage, même dans l’adversité, le sel de l’Évangile et la lumière de la Foi. Ce sel de l’amour et cette lumière de la foi sont en nous depuis notre baptême. Sel et lumière qui reprennent de la vigueur à chaque fois que nous nous rendons attentifs et proches des autres, que nous nous gênons pour les secourir et leur rendre service ; à chaque célébration de la messe, par notre écoute de la Parole de Dieu et notre communion au Pain de Vie ; à chaque fois que nous osons partager notre foi, à chaque fois que nous dégageons humblement la joie de croire et d’aimer. Et toujours, non pour arrêter les regards sur nous, mais pour que beaucoup devinent l’amour que Dieu leur porte et retrouvent le sourire, pour que beaucoup se découvrent à leur tour « sel de la terre et lumière du monde ».

Bertrand ROY +