PREMIER DIMANCHE DE CARÊME A

26 février 2023

 

    Chaque premier dimanche de Carême met devant nos yeux la scène des tentations auxquelles Jésus sera confronté et qui sont celles que nous rencontrons tout au long de notre vie. Saint Matthieu, saint Marc et saint Luc en donnent des versions différentes en insistant sur tel ou tel aspect. La scène est toujours située après que Jésus ait été baptisé. À son baptême, Jésus a été manifesté comme « Fils bien-aimé du Père », rempli de l’Esprit Saint. Jésus s’est glissé dans la file de ceux qui demandaient le baptême de conversion pour faire corps avec notre humanité. L’identité de Jésus, c’est bien d’être pleinement fils de Dieu et pleinement frère des hommes. Mais Jésus va-t-il toujours se comporter selon sa vocation de fils et de frère ?

 

    La scène des tentations résume tous les défis que Jésus rencontrera au long de son ministère et jusqu'à la croix. Tentations qui ne seront plus personnifiées par Satan mais par toutes sortes de gens qui voudront le faire dévier de sa vocation de fils et de frère. Satan, c’est le diviseur, celui qui sépare par la séduction et le mensonge. C’est cette voix intérieure et sournoise, évoquée dans le récit de la Genèse, qui brise la relation de confiance avec Dieu et aux autres par le soupçon. Aux jours de la Passion, Satan revient à la charge par les vociférations de la foule, des soldats et du mauvais larron :« Sauve-toi toi-même ! »Il lui suggère d’abandonner sa mission et l’équipement de combat qu’est l’Esprit Saint, les deux reçus au baptême, pour s’en sortir par lui-même.

 

    L’évangile précise que Jésus jeûna dans le désert quarante jours et quarante nuits et qu’alors il eut faim. Rien d’étonnant. Jésus est donc dans un état de grande faiblesse. Pour remédier à cette faiblesse, le diable commence par l’appeler à se défaire de sa condition humaine en usant de sa toute puissance. Jésus refuse. Car si les pierres cessent d’être des pierres, c’est l’homme qui cesse d’être un homme. Dans l’épreuve, nous sommes tentés de nous enivrer de consommation en croyant que seuls les biens matériels résoudront nos questions et combleront nos désirs. Cette première tentation fait allusion aux quarante ans que le peuple de Dieu a passé dans le désert. Allait-il garder la Parole de Dieu, le commandement de l’amour, comme nourriture pour tenir sa traversée commune ou se fier aux idoles et se détruire ? « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Dans la faiblesse, Jésus trouve sa force dans la Parole de Dieu et non dans l’avoir et le « toujours plus ». Il demeure pleinement fils du Père et pleinement notre frère et nous apprend à l’être.

 

    La deuxième tentation nous mène à Jérusalem. Le diable place Jésus au sommet du Temple et veut lui faire croire que, s’il se jette en bas, il en sortira indemne. Satan, qui connaît la Parole de Dieu, la cite et la pervertit pour arriver ainsi à ses fins. Jésus a repéré le traquenard. Là encore Jésus reste solidaire des limites de notre condition humaine en refusant de manipuler la toute-puissance de Dieu et sa Parole. Tenter Dieu, c’est le mettre au défi de jouer un rôle qui n’est pas le sien, c’est se tromper de toute-puissance. La foi ne se sert pas de Dieu pour satisfaire notre ego. Elle ne pousse jamais à se mettre inutilement en danger, à prendre des risques absurdes et à vouloir échapper à la mort comme le monde virtuel en donne l’illusion, engendrant des conséquences dramatiques. Jésus demeure encore pleinement fils du Père et pleinement notre frère et nous apprend à l’être.

 

    Enfin, la troisième tentation se passe sur une haute montagne. Satan abandonne l’utilisation de la Parole de Dieu pour convaincre Jésus de lui donner sa foi et le faire tomber. Il lui fait miroiter un avenir fascinant de succès et de bien-être, mais en le séparant objectivement de son Père et du service des hommes, pour qu’il lui vende son âme au prix fort. Dans un sursaut, Jésus rétorque : « Arrière Satan » ! Autrement dit : ça suffit. Comme il le dira à l’apôtre Pierre qui, refusant l’annonce de la Passion, tentera d’empêcher Jésus d’aller au bout de sa mission, de sa fidélité au Père et aux hommes. Là encore, Jésus demeure volontairement fils du Père et notre frère et nous apprend à l’être.

 

    Dans la tradition biblique, le désert, le Temple et la haute montagne sont les lieux symboliques où Dieu fait alliance avec les hommes. Ce sont des lieux de combat, pas à la manière du monde où c’est par la force, par l’avoir et le pouvoir qu’il faut s’imposer coûte que coûte. Lieux de combat, puisqu'il s’agit, avec les lourdeurs et les grâces de notre histoire, de notre éducation, de notre psychologie, de s’en remettre librement à Dieu, de choisir d’approfondir et de vivre sa Parole, de chercher à assumer limites et joies de notre condition humaine, à la manière de Jésus.

 

    « Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent et le servaient ». Cette finale laisse entrevoir la victoire de Pâques. Au début du Carême, rappelons nous que le baptême nous a branchés pour toujours sur la source de l’amour qu’est l’Esprit Saint. Chaque eucharistie réveille en nous cette source, nous ré-enracinant dans la Parole de Dieu, pour discerner toutes les sollicitations du mal et les combattre. Laissons nous conduire par l’Esprit pour vivre vraiment en fils et filles du Père et frères et sœurs les uns des autres, comme Jésus !

 

Bertrand ROY +

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