SEPTIÈME DIMANCHE DE PÂQUES A

21 mai 2023

    Nous voici entre l’Ascension et la Pentecôte. Le passage des Actes des Apôtres nous place dans l’ambiance de la communauté entre ces deux événements. Cette première communauté chrétienne est constituée des Apôtres, excepté Judas qui, après avoir livré Jésus est allé se pendre, mais aussi de femmes dont Marie, la mère de Jésus et de membres de sa famille. Ce petit groupe se rassemble dans un lieu qui lui est familier et que l’on appelle « la chambre haute ». Il est probable qu’il s’agisse d’une pièce où Jésus aimait regrouper et enseigner ses disciples. C’est dans ce lieu tout imprégné de la présence de Jésus qu’ils font mémoire de lui et prennent le temps de prier. Là, ils se souviennent que Jésus leur a promis de ne pas les laisser orphelins en leur envoyant l’Esprit Saint qui avait animé toute sa vie et qu’il avait remis entre les mains du Père sur la Croix. C’est vraisemblablement dans ce même lieu que l’Esprit de Pentecôte leur sera donné. Être ensemble fraternellement et l’être dans la prière, nous prépare à accueillir les dons de Dieu. Les nombreuses invitations à se rassembler lancées à tous les baptisés sont toujours autant de chances à saisir pour fortifier nos liens, nourrir notre foi et stimuler notre témoignage. Aller à la messe du dimanche, aimer se rassembler dans nos églises, ce n’est pas se soumettre à une règle, mais saisir la grâce d’une prière partagée qui ouvre nos cœurs, apaise nos cœurs, vivifie nos cœurs afin de mieux assumer notre vie quotidienne dans l’Esprit du Christ Jésus.

    Alors que nous sommes ensemble comme le petit groupe naissant de l’Église, nous recevons un évangile propre à Saint Jean qui est une prière. Une prière prononcée dans cette salle où Jésus a pris son dernier repas avec ses disciples. En ce moment dramatique, chaque mot est lourd de sens. Retenons trois verbes. Glorifier. Donner. Connaître.

    Gloire ! Glorifier ! Ce mot revient ici six fois ! Mais quelle gloire ? Pas la gloire de ceux qui ont remporté une compétition sportive en comptant leurs médailles ! Pas la gloire de ceux qui ont gagné les élections ! Pas la gloire des vedettes et des artistes que les spectacles ou les œuvres couvrent d’applaudissements. Toutes ces gloires parfois de haut niveau, plus ou moins méritées, plus ou moins mercantiles sont éphémères et même superficielles. Au point que certains et certaines qui ont eu leurs heures de grand succès sous les feux médiatiques retombent vite dans l’oubli, parfois la misère. Ne parlons pas de ceux qui se glorifient en détruisant ! Glorifier, dans la Bible, c’est rendre visible l’être profond de quelqu'un, sa valeur. Jésus demande à son Père de faire connaître, à travers sa mort et sa résurrection, la beauté et la force de son amour. Dans le don qu’il fait de sa vie, Jésus ne glorifie pas la souffrance mais l’amour. On traduit aussi le mot gloire par le mot poids. « Mon poids, c’est mon amour » a dit Saint Augustin.

    Le deuxième verbe, c’est donner. Il revient dix fois dans le texte. La relation de Jésus a son Père est de l’ordre d’un don réciproque. Les relations les plus heureuses se vivent toujours dans la réciprocité de l’échange. Donner et recevoir, c’est le mouvement de l’amour qui peut habiter notre vie en famille, nos relations de travail, nos divers engagements comme les échanges les plus ordinaires. Jésus parle à son Père de chacune et chacun de nous : « Je prie pour ceux que tu m’as donnés ». Nous sommes donnés par le Père à Jésus. Nous entrons dans une forme de cercle intime avec Jésus et notre Père, associés au projet de Dieu. Jésus continue de nous porter dans sa prière pour que nous vivions au mieux notre existence chrétienne, notre vie en Église. Ainsi il n’y a pas de mur qui sépare le ciel et la terre.

    Enfin, le verbe connaître. Là encore, il faut préciser. Connaître, dans la Bible, n’est pas de l’ordre de l’information. Connaître, c’est « naître avec ». Connaître Dieu, ce n’est pas simplement savoir des choses sur lui, mais se donner à lui, le servir, partager son amour. Trouver dans ma vie ta présence, chantons nous ! Lorsque Jésus prie pour que les hommes connaissent le Père, il souhaite que chaque être humain découvre que Dieu n’est pas loin de lui, qu’il lui a donné de naître, qu’il accompagne son histoire, qu’il lui tend la main, qu’il l’attend au soir de sa vie. Jésus va encore plus loin : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent. » Il y a quelque chose de la vie éternelle quand nous laissons Dieu devenir le compagnon de notre vie.

    Glorifier, donner, connaître ! Trois attitudes inséparables qui renforcent notre attachement au Christ et à son Église. Trois attitudes qui ne nous sortent pas du monde mais nous apprennent à bien nous y situer. Trois attitudes à demander dans la prière comme les disciples dans la chambre haute. Trois attitudes pour revivifier en nous le don de l’Esprit Saint reçu à notre baptême et à notre confirmation. Glorifier, donner, connaître, pour que le ciel de Dieu transfigure notre terre.

Bertrand ROY +