VINGT-DEUXIÈME DIMANCHE ORDINAIRE C

28 août 2022

 

    « Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et ces derniers l’observaient ».

 

    Jésus s’assoit à toutes les tables : à la table des petits comme des grands, à la table des gens honnêtes comme des gens infréquentables, à la table des fêtes comme à Cana ou à la table des deuils comme à Béthanie ! Et toujours, il y en a qui épient et qui trouvent à redire ! Le regard des gens de tous milieux, avec leurs filtres de préjugés, est insupportable mais Jésus reste libre de s’asseoir où il veut et de rencontrer qui il veut. Le comble, ce fut son dernier repas, le repas pascal qui institua l’Eucharistie. Il partage le pain et le vin tout autant que sa vie et son amour avec ceux qui l’avaient accompagné durant son ministère. Presque tous vont l’abandonner durant son chemin de Croix. Pierre va le renier et Judas va le trahir. Jésus n’a pas peur de s’asseoir à la table des pécheurs. Pas seulement des gens qui font des fautes mais des gens qui le rejettent ! Et Jésus n’est pas dupe, car lui aussi observe, mais d’un autre œil ! Il voit la profondeur des cœurs, leurs belles lumières comme leurs basses obscurités !

 

    En se faisant l’un de nous, en se faisant homme, Jésus a consenti à s’asseoir à toutes les tables. Il a voulu partager ce qui fait notre vie pour entrer en amitié avec tout vivant. « Mon ami, avance plus haut », avons-nous entendu dans l’évangile ! Rien que cela, c’est énorme ! Car c’est bien l’amitié qui est au menu, bien plus que les plats raffinés ou ordinaires. Jésus est capable de toutes les relations humaines pour nouer des amitiés. Des amitiés lucides qui dépassent les travers. Des amitiés qui redressent : « Mon ami, avance plus haut » ! Une parole adressée à tous, riches et pauvres, scribes et pharisiens tout autant que publicains et pécheurs ! En Jésus, jamais de démagogie qui humilie et exclue. En Jésus, toujours ce désir de faire éclore le meilleur resté en jachère. En Jésus, toujours la joie de la brebis perdue et retrouvée, quelle que soit son origine, son histoire, ses idées ! « Mon ami, avance plus haut ».

 

    Pour « avancer plus haut », Jésus ouvre deux chemins exigeants. Car il ne s’agit pas de prendre l’ascenseur mais de gravir la montagne.

 

    Le premier chemin est escarpé. Dans notre monde de performance où il faut se tailler la meilleure place et obtenir le meilleur morceau, quitte à écraser aveuglément et sauvagement les autres, Jésus préconise l’humilité. Car les passages en force et les prises de pouvoir ne mènent pas à une vie durable et paisible. S’abstenir de la première place. Se dégager de toute idée de place. Chercher à être soi-même sans s’appuyer sur les effets que l’on peut produire. Par ce détachement, faire de la place en soi-même ! Pour obtenir bien plus qu’une place et une notoriété et s’entendre dire : « Mon ami » ! Ce mot savoureux qui répond à nos soifs et nos faims les plus vraies et qui renverse les orgueilleux de leurs funestes trônes, comme le chante Marie dans son Magnificat ! « Quiconque s’élève sera abaissé, et qui s’abaisse sera élevé » ! Comprenons bien : l’humilité évangélique ne consiste pas à se déprécier et à n’avoir aucune ambition mais à s’ajuster au regard d’amour du Christ porté sur nous. Un regard d’amour qui nous rehausse quand nous nous croyons très bas et qui dégonfle nos illusions quand nous nous croyons au dessus de la mêlée.

 

    Dans la bouche de Jésus, toujours : ce dont je suis bénéficiaire doit rejaillir sur les autres ! « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux », sous entendu comme il l’est pour vous. Le second chemin est tracé. Impossible de s’entendre dire : « Mon ami » sans ouvrir notre vie à une amitié universelle. Il nous faut, à notre tour, devenir des êtres de toutes les relations et de toutes les amitiés possibles, au-delà des ressemblances sympathiques et rassurantes avec nous-mêmes ou entre gens de même sensibilité ! Jésus fonde la vie sociale et ecclésiale sur l’amitié. C’est le chemin de la générosité qui ne reprend pas de la main gauche ce qu’elle a donné de la main droite. Chemin du don sans retour parce que fondé sur la seule volonté de créer la relation, loin de tout profit ou reconnaissance. Gratuité dans les relations : parce que c’est toi, parce que c’est moi, tout simplement ! « Mon ami, avance plus haut ».

 

    Pour avancer plus haut, nous voici en cordée, avec Jésus, homme et Dieu, parfaitement humble et généreux ! Pas de tout repos face au culte de la performance promue dès l’enfance par notre société ! Un culte qui fabrique des riches n’ayant aucune idée de la valeur des choses mais un culte qui fabrique davantage de dépressifs, de désenchantés et d’exclus.

 

    Que nous redit l’évangile avec ces histoires de repas, avec ces tables où Jésus s’assoit tranquillement sans faire de différence et offre une place à qui n’en cherche pas ? Il nous redit que chacun de nous porte une dignité que rien ne peut détruire. Jésus cherche ce diamant secret, parfois enfoui dans la boue, et lui redonne tout son éclat. Pour nous considérer ainsi les uns les autres. En s’asseyant à nos tables et en nous appelant à les ouvrir, il nous redit que, si le repas crée la communion des convives, c’est parce qu’en toute chose, nous ne sommes pleinement nous-mêmes qu’en étant des hommes et des femmes de communion, en travaillant à faire une humanité réconciliée. Ce que préfigure toute Eucharistie, ce à quoi nous invite toute Eucharistie. Mes amis, avançons plus haut !

 

P. Bertrand ROY

Permanences d'accueil à la maison paroissiale

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