VINGT HUITIÈME DIMANCHE ORDINAIRE C

9 octobre 2022

 

    Au temps de Jésus, avant et longtemps après encore, la lèpre était une maladie effroyable. Maladie contagieuse qui isolait et marginalisait. Les lépreux étaient exclus de la vie familiale, sociale et religieuse et devaient vivre en dehors des villes. Sans compter que beaucoup pensaient que la lèpre était la conséquence du péché. Lorsque le serviteur d’Élisée, dont parle la première lecture, trahit son maître, il se retrouve couvert de lèpre. Être lépreux, c’est donc accumuler beaucoup de misères, au point d’être une sorte de mort-vivant !

 

    Le livre des Rois nous présente Naaman le Syrien, étranger au peuple d’Israël et haut placé dans la société. Comme quoi, la lèpre est partout. C’est sur les conseils d’une fillette d’Israël, esclave de son épouse, qu’il sera mis en contact avec le prophète Élisée. Élisée. lui propose tout simplement d’aller se baigner dans le Jourdain. Naaman est surpris : il pensait à un geste sensationnel de la part du prophète avec des prières à n’en plus finir. Non, sa guérison n’aura rien de magique. Toutefois, Naaman est reconnaissant à Élisée. de sa guérison et veut le rétribuer ; ce qu’Élisée refuse. Alors Naaman pose un geste symbolique de conversion au Dieu d’Israël : il emporte de la terre de ce pays. Il rend grâce au Dieu créateur qui a façonné le monde, qui l’a purifié et lui a rendu la vie.

 

    On retrouve des similitudes dans l’évangile de ce dimanche, avec d’étonnantes surprises.

 

    Tout d’abord, dix lépreux qui bravent les interdits. Au passage de Jésus, ils entrent dans la ville. Eux qui avaient l’ordre de s’éloigner des passants en criant « Impurs, impurs ! » pour avertir de leur présence, les voilà qui se précipitent pour lui crier leur misère : « Jésus, maître, aie pitié de nous ! » Jésus ne condamne pas leur transgression.

 

    Deuxième surprise : Jésus leur ordonne d’abord d’aller se montrer aux prêtres qui étaient habilités à authentifier les guérisons et à permettre aux lépreux-guéris d’être réintégrés à la communauté. Or, c’est en chemin, sans geste ni parole extraordinaires de Jésus, qu’ils seront purifiés. Tout semble inversé. Cette anticipation qui dit quelque chose de la foi. « Quand vous demandez quelque chose, dit Jésus, croyez que vous l’avez déjà obtenu et cela vous sera donné ». Souvenons-nous : Jésus célèbre le repas du jeudi saint, action de grâce pour sa résurrection, avant même d’être passé par la mort. Notre foi nous transporte au but avant même de l’avoir atteint. Combien d’épisodes de l’évangile nous font entendre : « Va, ta foi t’a sauvé ! » Comme si l’action de Jésus devait s’effacer au profit de l’ouverture du cœur de l’homme !

 

    Troisième surprise : seul un samaritain-lépreux revient sur ses pas pour lui exprimer son action de grâce. Cet homme était doublement mort, en raison de la lèpre et de ses origines. Il ne s’est pas contenté d’avoir bénéficié de Jésus, il fait un retour à la source. Il est plus important pour lui d’avoir trouvé Jésus que d’avoir été guéri ! Comme une certaine Samaritaine qui cherchait désespérément l’eau vive qui pourrait désaltérer sa vie et qui l’a accueilli en Jésus : « Si tu savais le don de Dieu ! » Et Jésus de dire haut et fort, pour faire réfléchir ses auditeurs d’hier et d'aujourd'hui : « Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Coup de patte de Jésus pour ceux qui faisaient partie du peuple de Dieu et ne l’ont pas reconnu comme le Messie annoncé ! Les autres ? À la différence de cet homme plein de gratitude, qui s’ouvre au « pour les autres et pour Dieu», les neuf ont revendiqué et profité sans dire merci, n’ont pas noué de relation avec Jésus et restent dans le «chacun pour soi ». Ils vivent du don de Dieu en oubliant Celui qui leur offre. « Les canalisations » ont été restaurées mais ils ont délaissé la source. Ils sont guéris mais pas sauvés. Car être sauvés, c’est être reliés. On peut donc être sauvés sans être guéris. Le salut, c’est l’alliance avec le Christ qui nous fait entrer dans son mouvement d’amour.

 

    Que retenir ? Peut-être quelques chemins qui vont à l’encontre des comportements à la mode. Tout d’abord risquer, comme Naaman et les lépreux, sortir astucieusement des convenances et des préjugés, lorsque la vie est en jeu ; dépasser les fausses pudeurs pour rencontrer les autres et le Christ. Ensuite, faire confiance à Dieu, ne pas le chercher dans des manifestations fantastiques mais miser sur sa Parole, au-delà des apparences et avant tout résultat. Enfin, savoir revenir sur nos pas, dans la reconnaissance, pour dire merci aux autres et à Dieu, et nouer avec eux des relations de communion. C’est ce que nous réalisons lorsque nous célébrons ensemble la messe, l’acte central de notre foi. Nous faisons eucharistie, nous revenons à la source de l’amour qui nous irrigue, nous purifie, nous féconde en permanence. Nous célébrons l’Alliance nouvelle et éternelle. Nous entendons Jésus nous dire : Ta foi t’a relié, ressuscite ! « Ta foi t’a sauvé, relève toi ! »

 

Bertrand ROY +

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