SOLENNITÉ DE L’ASCENSION DU SEIGNEUR C

26 mai 2022

 

    S’il y a bien une expérience humaine que l’on redoute, c’est celle de la séparation. Il y a des absences momentanées d’avec ceux que nous aimons et qui suscitent une tristesse passagère. Il y a des éloignements volontaires lorsque des alliances ont été brisées et qui laissent le sentiment amer d’un échec. Mais que dire alors de la séparation définitive, et parfois brutale, lorsque la mort frappe à notre porte ? Cela nous prouve bien que nous ne sommes pas faits pour la rupture mais pour la rencontre et pour l’échange, pour une communion durable.

 

    Que célébrons-nous à l’Ascension ? Une séparation ! Une séparation bien particulière que saint Luc nous présente dans ses deux ouvrages : son Évangile et les Actes des Apôtres. Deux approches différentes pour éviter de nous en faire des représentations imagées, de matérialiser le ciel mais de nous conduire à la signification profonde de l’événement.

 

    Au livre des Actes des Apôtres, les disciples sont comme tétanisés par la disparition redoutée de Jésus. Des sentiments intérieurs proches de ceux éprouvés devant la mort en croix de leur ami et puis de la découverte du tombeau vide à l’aurore de Pâques. Voilà bien des incompréhensions qui s’accumulent pour ces gens qui avaient mis leur confiance en Jésus ! Qui plus est, ils reçoivent un reproche par des hommes vêtus de blanc : « Pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » Déjà, les mêmes leur avaient déclamé devant le tombeau : « Pourquoi chercher le vivant parmi les morts ? » En réalité, ces deux questions ne veulent pas ajouter à leur trouble mais les aider à discerner les impasses, ce qui ne mène à rien et n’est que peine perdue, et donc les aider à se réorienter ? Ce qui leur est dit peut se résumer ainsi : ce n’est ni dans des évasions sensationnelles, le ciel, ni dans la nostalgie du passé, le tombeau, qu’ils assumeront l’absence physique et auront des chances de retrouver la présence qui leur échappe à l’instant.

 

    Dans le passage de l’évangile de saint Luc, Jésus confie à ses disciples de poursuivre sa mission après leur avoir rappelé tout ce qu’il leur avait enseigné à son sujet et qui sera le cœur de la foi à transmettre. Mais Jésus ajoute une promesse : ce n’est pas avec leurs seules forces qu’ils annonceront la Bonne Nouvelle de l’Évangile ! Ils vont être « revêtus d’une puissance venue d’en haut », autrement dit de l’Esprit Saint qui est Dieu. Dans ce texte, pas de traumatisme, pas le sentiment d’être orphelins. Au contraire, saint Luc souligne qu’après avoir « été emporté au ciel, les disciples se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu ». Jésus n’est plus visible à leurs yeux mais la joie les envahit. Que s’est-il donc passé chez ces disciples qui redoutaient plus que tout de perdre Jésus une seconde fois ? Tout en prenant congé, Jésus a répandu sa bénédiction sur eux. Bénir, c’est souhaiter du bien et donc encourager, et c’est aussi demander à Dieu qu’il répande ses dons les meilleurs à ceux qu’on lui confie. Or, ses dons les meilleurs, c’est son Esprit Saint ! Ce qui veut dire que lorsque Jésus bénit les disciples, il leur fait déjà le don de l’Esprit, cette force d’en haut dont ils seront pleinement revêtus à la Pentecôte. Or, un des fruits de l’action de l’Esprit Saint, c’est la joie ! Si donc une forme de la présence de Dieu est enlevée, une nouvelle forme de sa présence leur est donnée. Voilà ce qu’ils comprennent et qui va dissiper leurs frustrations et leurs peurs et les remplir de joie !

 

    Peut-être considérons nous l’Ascension de Jésus comme le dernier acte de sa vie sur terre, un peu à la manière d’un artiste qui tire sa révérence. Or, en Jésus, tout est un, rien n’est séparé. C’est la même puissance d’amour et de lumière qui se déploie pour nous, dans sa naissance, ses multiples rencontres, ses prédications, sa mort et sa résurrection, et cela, sous des modes divers et des intensités différentes. C’est la présence fidèle de Dieu qui se dévoile dans notre histoire pour habiter nos vies. L’Ascension n’est pas une fin, ni un abandon. Elle nous dit que Jésus est autant présent auprès de son Père que de nous, pour toujours et sous toutes les latitudes. Le ciel n’est ni en haut, ni en bas, il est au cœur ! Lorsque nous accueillons le Christ dans notre quotidien et cherchons à vivre de son Esprit Saint, c’est le ciel qui entre en nous. Il fait corps avec notre humanité, la plus abîmée comme la plus sereine. Nous n’avons donc jamais fini de voir se dévoiler sa présence et de le rencontrer. Sa présence est charnelle dans tous les membres de son Église, dans sa Parole proclamée et priée, dans la célébration de tous les sacrements, dans le service fraternel et l’amour partagé. « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur », résume saint Paul. Pas étonnant que Jésus ait osé dire : « Je m’en vais et je reviens vers vous ». Pas étonnant que les disciples retournèrent à Jérusalem, porter la Bonne Nouvelle, en grande joie. Qu’il en soit de même pour nous tous et pour notre Église !

 

Père Bertrand ROY

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