CINQUIÈME DIMANCHE DE CARÊME C

3 avril 2022

 

    Souvenons-nous de la parole que le Seigneur a adressée à son peuple par la bouche du prophète Isaïe dans la première lecture : « Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses du passé. Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? » C’est la parole d’espérance que le Seigneur dépose en chacune et chacun de nous pour nous guérir de nos blessures et de nos péchés, parole de miséricorde pour ne pas nous enfermer amèrement dans les misères de notre passé.

 

    Dans la seconde lecture, saint Paul regarde sa vie à travers l’expérience du pardon éprouvé sur le chemin de Damas. Avant d’avoir entendu et compris la parole de Jésus : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes », Paul combattait les premiers chrétiens en pensant sauver l’honneur de Dieu. Dans le regard du Christ, il reconnaît et regrette son erreur, abandonne sa violence, accueille son pardon et lui donne toute sa foi. Il reconsidère sa vie : « Oubliant ce qui est en arrière et lancé vers l’avant, je cours vers le but. » Il rejette son mauvais passé comme on balaie sa maison de toute la poussière qui empêche de bien respirer. Il ouvre ses fenêtres à l’air vivifiant de l’amour du Christ.

 

    L’évangile de ce dimanche garde cette tonalité. Nous y retrouvons Jésus qui enseigne la Parole de Dieu dans le Temple de Jérusalem. Tout semble se passer dans une ambiance paisible lorsque des scribes et des pharisiens jettent devant lui, à la vue de tout le monde, une femme ayant été surprise en train de commettre l’adultère. Scribes et pharisiens qui surveillent, accusent et condamnent. Pire encore, qui remettent la responsabilité du jugement entre les mains de Jésus comme Pilate se lavera les mains du sort de Jésus. Car c’est Jésus qui est ici visé. De quel côté va-t-il se ranger ? Jésus et la femme, devant les scribes et les pharisiens, sont dans la même galère. Ce n’est pas la première fois que l’on tend un piège à Jésus pour avoir de quoi le supprimer. Les scribes et les pharisiens n’ont rien à faire du sort de cette femme. La situation dans laquelle elle a été trouvée est l’occasion idéale pour faire tomber Jésus. Jésus n’est pas dupe. Il connaît leurs pensées perverses comme il connaît le cœur terrorisé de la femme. Va-t-il défendre la femme et dénoncer la malveillance des autres ? Non ! Sa connaissance des uns et des autres ne l’empêche pas de vouloir libérer les uns comme les autres. Les scribes et les pharisiens comme la femme sont dans la peur. Pas la même peur ! Les scribes et les pharisiens ont peur de perdre leur pouvoir face à l’autorité de Jésus. Ils se protègent en jugeant. La femme a peur des moqueries et de la mort qui l’attend. En Jésus, aucun mépris, ni pour les uns ni pour les autres car il a compris la raison de leurs peurs. Jésus a en lui cette force et ce calme capables de ramener chacun à sa conscience pour une vie nouvelle. Sa méthode surprend autant qu’elle nous apprend. Jésus s’abaisse vers le sol et écrit sur la terre. Parce que Dieu ne surplombe personne. C’est pourquoi Jésus est descendu jusqu'à nous, jusqu'au plus bas de nos faiblesses et de nos condamnations, pour écrire et tracer le chemin de l’amour et du pardon. Descendu dans nos enfers, c’est-à-dire en tout ce qui nous enferme, nous isole et nous rétrécit. Jésus descend dans l’enfer des scribes et des pharisiens bloqués dans l’étroitesse de leur compréhension de la Loi. Jésus descend dans l’enfer de cette femme qui se retrouve abandonnée autant de son amant que de son mari et traînée publiquement dans la boue avant d’être lapidée. Lorsque les hommes de pouvoir et toutes les mauvaises langues discutent sur des principes, prêts au lynchage pour tuer la réputation et la vie des autres, Jésus se baisse et fait des dessins sur le sol en laissant couler ces vociférations inutiles. Ça ne l’intéresse pas et il nous invite à ne pas brûler nos énergies à cela. Mais lorsqu'il s’adresse à des personnes, il se redresse, les regarde et leur parle avec un mouvement qui vient cicatriser leurs déchirures et les relever de leurs impasses.

 

    « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Jésus n’invente pas cette parole. Elle est contenue dans la Loi dont les scribes et les pharisiens prétendent être de fins connaisseurs. Les voici pris sur leur propre terrain. Jésus ne les condamne pas. Eux se jugent eux-mêmes en s’en allant l’un après l’autre. Et ils se privent aussi de l’amour du Christ.

 

    Quant à la femme demeurée dans le silence glacial de la peur, la voilà qui adopte le mouvement de Jésus et se redresse. Comme une fleur après l’orage ! Jésus est bon pédagogue : il ne lui dit pas que son comportement est sans reproche mais il lui rend la parole et sa dignité en l’invitant à une vie meilleure.

 

    Vous l’avez remarqué : Jésus n’a ni paroles ni gestes blessants parce qu’il sait ce qu’est être humilié. Il sait que la paix est plus contagieuse et bénéfique que le mépris et la peur. La paix, fruit d’un long combat intérieur. Si nous ressemblons parfois aux scribes et aux pharisiens ou à cette femme, c’est surtout à Jésus que nous devons ressembler. Pour faire renaître la vie là où elle est en danger, là où des hommes, des femmes, des enfants sont écrasés. C’est la dimension de l’attention à l’autre, de la miséricorde, du partage et de la solidarité, stimulée par l’actualité internationale, que le Carême veut réactiver en nous, pour qu’elle soit permanente. Spécialement en cette journée nationale du CCFD-Terre Solidaire qui nous presse à une fraternité universelle concrète pour la survie de notre « maison commune » comme le rappelle le pape François. La Loi nouvelle de l’amour et du pardon que Jésus a dessiné sur le sol, et qu’il signera de son sang, est gravée pour toujours dans notre cœur depuis notre baptême. C’est cette Loi de vie que la Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à faire fructifier.

 

Père Bertrand ROY

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