ASCENSION DU SEIGNEUR A

18 mai 2023

 

    Ce sont les dernières lignes de l’Évangile de Saint Matthieu, une sorte de grande conclusion autant qu’un envoi, que nous recevons en cette fête de l’Ascension. Une dernière fois, Jésus ressuscité convie ses disciples sur la montagne en Galilée. La montagne, le lieu biblique où Dieu se fait connaître. C’est là que Jésus avait commencé son ministère, tel un nouveau Moïse sur le Sinaï, enseignant les commandements et multipliant les pains. En Galilée, une région méprisée et païenne, loin de Jérusalem et de ceux qui croyaient posséder la foi et qui ont conduit Jésus à la mort. C’est là encore que Jésus envoie maintenant les disciples partager le pain de sa Parole et de sa Vie à toutes les nations, sans tri sélectif d’origine et de culture.

 

    « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, de toutes les nations faites des disciples ». Au moment où Jésus se sépare de ses disciples, ce n’est pas vers le ciel qu’il les attire. Il les invite plutôt à bien garder les pieds sur terre, à se bouger pour partager leur foi à ceux et celles qui vont croiser leur route. Il les envoie avec empressement car il y a urgence : « Allez donc ! » C’est la même attitude que recommandent les anges au livre des Actes des Apôtres : « Galiléens, pourquoi restez vous là à regarder vers le ciel ? » Nous voilà donc invités à nous tourner vers l’avenir en nous tournant vers les autres, tous les autres, sans nous complaire dans la nostalgie du passé ni dans le merveilleux. Célébrer l’Ascension du Seigneur Jésus, hier comme aujourd'hui, c’est recevoir à nouveau la responsabilité d’annoncer l’Évangile non pour conquérir les autres ou les juger, mais pour les servir, servir leur chemin de vie avec Dieu !

 

    On peut comprendre le trouble des disciples. C’est la seconde fois que Jésus les quitte. La première fois, ce douloureux vendredi, où Jésus est mort en croix. Toute leur espérance s’était effondrée avec un sentiment de profonde déception. Les manifestations de Jésus ressuscité leur ont redonné du courage, même si le doute voulait avoir le dessus. Ils imaginaient que tout allait recommencer comme avant, que Jésus allait instaurer un état stable. Durant quarante jours, en se faisant reconnaître ressuscité à ses disciples, il a cherché à les former pour la mission, pour que non seulement ils prennent son relais mais déploient tous leurs talents pour annoncer le Royaume et bâtir l’Église. Il leur a aussi promis qu’en s’effaçant physiquement, en leur libérant tout l’espace et le temps, ils ne seraient pas remis à leurs seules forces mais seraient soutenus par son Esprit Saint, l’Esprit reçu du Père qui avait animé sa mission. Il les a préparé ainsi à un nouveau départ. Mais à nouveau, le sentiment d’abandon les étreint et il leur faut apprendre à vivre autrement leur relation à Jésus, comprendre que ce départ n’est pas une rupture mais leur mise au monde, comme toute naissance fait quitter le ventre sécurisant de la mère. Certains eurent des doutes, souligne Saint Matthieu. Quels doutes ? Crise de confiance, davantage en eux-mêmes, en leurs capacités, en l’avenir, plutôt qu’en Jésus ! Souvenons-nous de la rencontre de Jésus ressuscité avec Marie Madeleine. Elle voulait figer la présence de Jésus pour elle seule. Jésus lui dit clairement : « Cesse de me retenir… Va plutôt trouver mes frères et dis leur que je monte vers mon Père qui est votre Père ». Jésus pulvérise toutes les contrefaçons de l’amour qui sont aussi celles de la foi : à savoir l’amour ou la foi possessives, fusionnelles, l’amour ou la foi « compensation », toutes les formes d’emprise. La fête de l’Ascension purifie notre manière d’aimer et de croire pour que nous aidions celles et ceux vers qui nous allons à ajuster sainement leur manière d’aimer et de croire.

 

    « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. » Dernière parole de Jésus de l’Évangile de Saint Matthieu ! Comme les disciples sur la montagne de Galilée, nous recevons cette parole pleine d’amour et de force. Présence fidèle de Jésus, intérieure à chacune et à chacun, à toutes les heures de notre vie, de la vie du monde et de l’Église. Présence active qui ne s’impose pas, qui n’étouffe pas, qui rend libre. Promesse qui renouvelle la confiance et donne l’assurance pour accomplir notre tâche d’hommes et de chrétiens, pour ouvrir le cœur de chacun au commandement de l’amour.

 

    Aux sentiments d’abandon, de désarroi, de doute, d’impuissance, ceux des disciples d’hier et les nôtres aujourd'hui, pour relever notre espérance, pour éclairer notre foi et affermir notre amour, Jésus nous confie : « Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde. » Appuyons notre vie sur cette promesse sans limite et nos appréhensions se changeront en joie !

 

Bertrand ROY +

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