MERCREDI DES CENDRES

2 mars 2022

 

    Chrétiens, toute l’année, si nous sommes attentifs à la Parole de Dieu, à l’Évangile en particulier, nous sommes invités à nous améliorer, en cherchant à avoir des attitudes plus aimantes et fraternelles vis à vis des autres, à nourrir et stimuler notre connaissance et notre attachement au Christ Jésus. Autrement dit, à devenir des justes, c’est-à-dire à nous ajuster au souffle de Dieu. Si c’est tous les jours qu’il faut vérifier où nous en sommes, nous réformer et progresser, alors pourquoi un temps spécifique, le Carême, que l’on qualifie comme un temps de conversion ?

 

    La première raison, c’est parce que l’appel permanent à prendre au sérieux notre chemin de chrétien risque de devenir une rengaine, que la négligence ou l’indifférence risquent de nous gagner. Mais c’est aussi parce que nous aménageons souvent ce qui nous convient et nous dispensons de ce que nous croyons secondaires ou pour les autres. Il est donc nécessaire de se reprendre !

 

    Mais le Carême a une autre dimension forte.

 

    Si ce temps de quarante jours nous appelle à des démarches personnelles, c’est d’abord un temps que l’on est appelé à vivre ensemble. C’est une démarche que l’on dit communautaire, d’Église. C’est tout un peuple qui se met en route et va s’entraider dans sa marche vers Pâques. C’est pourquoi, si l’on peut choisir de vivre des temps personnels, nous sommes aussi invités à répondre à des temps forts avec d’autres, à nous rassembler et fortifier nos liens. Notre présence à cette célébration en est déjà un signe, comme à chaque messe.

 

    Les paroles de Jésus que nous venons d’entendre reprennent trois directions essentielles : l’aumône, la prière, le jeûne. En des termes plus simples, il s’agit de vérifier la qualité et les déficiences de notre relation aux autres, de notre relation à Dieu, de notre relation à nous-mêmes. Les autres, Dieu et moi !

 

    Jésus invite tout d’abord à prendre du recul. Il s’agit d’aller au secret de notre cœur. D'entrer en vérité avec soi-même. Découvrir que ce lieu unique n’est pas vide. Il n’est ouvert qu’à Dieu. Or, dans ce sanctuaire de notre cœur, Jésus nomme Dieu : « Ton Père. » Dieu est en moi , non comme un juge ou un admirateur, mais comme un Père qui m’aime. Un Père qui m’aide à voir ce qui va et ce qui ne va pas, un Père qui me stimule et me pardonne.

 

    L’aumône ou ma relation aux autres. Plus encore, ma solidarité avec ceux qui souffrent, ceux qui manquent. Ne pas fuir ceux qui souffrent, ceux qui manquent, ceux qui ont moins de chance que moi. Partager mon temps, mes compétences, mon argent. Accepter de me gêner pour les autres. Que ma main gauche ignore ce que fait ma main droite, c’est-à-dire sans calcul, en acceptant que le don soit sans retour, simplement réalisé par amour et dans le respect de celui qui recevra. Le conflit armé en Ukraine place devant nos yeux des familles éprouvées et obligées de quitter leur pays pour survivre. C’est un nouveau rendez-vous de solidarité, parmi tant d’autres, devant lequel ne pas se défiler.

 

    La prière ou ma relation à Dieu. Pas seulement ce rendez-vous intime avec le Seigneur, bien nécessaire, mais tout qui m’est offert pour faire l’expérience de l’amour de Dieu. Dans la tradition monastique, chaque moine reçoit, le jour du mercredi des cendres, un livre spirituel pour approfondir sa foi durant le Carême. Quelle lecture allons-nous faire durant ce Carême pour ne pas en rester au catéchisme de notre enfance ou aux approximations véhiculées dans l’opinion publique ? Aurons-nous le courage de lire un évangile en son entier ? Participerons-nous à une ou plusieurs rencontres pour échanger sur l’Évangile du dimanche ? Avons-nous fait le choix de participer au week-end spirituel des 26 et 27 mars de nos trois paroisses de Troyes-Ouest à l’abbaye d’Igny ?

 

    Le jeûne ou ma relation à moi-même. Faire attention à ce que l’on mange et savoir se restreindre. Le faire pour prendre soin de sa santé mais aussi nous sentir proches et partager avec celles et ceux qui, aujourd'hui n’ont pas la nourriture nécessaire à leur vie. Ne pas gaspiller ! Respecter notre environnement. Une personne me racontait que sa fille et ses petits enfants, lorsqu'ils n’ont pas le temps de faire la lessive, mettent le linge sale à la poubelle et en achètent du neuf. Jeûner, c’est apprendre la liberté, pas la fausse liberté qui consiste à faire ce que l’on veut sans souci des autres. Jeûner de réseaux sociaux, des écrans qui font écran à ce que nous sommes profondément, qui nous détournent de nous-mêmes. Remettre les technologies nouvelles à leur juste place. Ne plus avoir besoin de s’exhiber en publiant des photos de la dernière glace que l’on a mangé sur les foires ou de montrer les autres en les dénigrant. Jeûner de toute forme de harcèlement, de paroles de haine, de bruits. Jeûner de l’inutile, du superficiel, de ce qui ne rend pas vraiment heureux. Faire des pauses de silence et de calme pour être bien avec soi-même !

 

    Voyez ! Le Carême nous est offert pour nous décider à grandir dans l’amour des autres, dans l’amour de Dieu, dans l’amour de soi, et devenir ainsi de vrais vivants, à l’image de Jésus ressuscité. Le devenir ensemble pour donner à voir le Christ ressuscité.

 

Père Bertrand ROY

Permanences d'accueil à la maison paroissiale

Mardi, mercredi et vendredi de 15 heures à 17 heures ;

Un samedi sur deux de 9 h 30 à 11 h 30 (hors congés scolaires).

Albums

Pour voir les albums photos... c'est par ici

Liens Utiles