JOUR DE PÂQUES

17 avril 2022

 

    Quelqu'un m’a dit : « Dieu, j’ai du mal à y croire, et la résurrection, n’en parlons-pas ! »

 

    Un autre m’écrit : « J’aimerais y croire, mais malgré tous mes efforts, cela ne vient pas ! »

 

    Que nous a décrit le récit de St Jean choisi pour la fête de Pâques ?

 

    Jésus en train de ressusciter ? Non ! Des preuves de la résurrection ? Non ! Des signes éclatants qui en imposeraient ? Non !

 

    Ce qui veut dire que la foi en Dieu, et la foi en la résurrection en particulier, ne se promènent pas parmi les évidences.

 

    Il n’a pas été plus facile pour les disciples de Jésus, hommes et femmes qui l’avaient côtoyé, de croire en l’inouï de Pâques, que ce l’est pour nous. Ce fut le fruit d’un long chemin intérieur avec des hésitations et des élans, comme ce peut l’être pour nous.

 

    Que nous dit le récit de St Jean ? Nous sommes les témoins de la course déboussolée d’un trio : Marie Madeleine, Pierre et celui que l’on nomme « l’autre disciple ». Marie Madeleine, en premier, puis les deux autres. Ils courent vers le tombeau, que St Jean cite 7 fois. Un tombeau ouvert et vide qui suscite d’abord un effroi et un surcroît de douleur : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau et nous ne savons pas où on l’a déposé. » pleure Marie Madeleine auprès de Pierre et de « l’autre disciple ». On la comprend : elle venait rendre hommage à son bien-aimé et plus rien ! À quoi se raccrocher quand on perd un être cher ? Troublés par cette annonce, Pierre et « l’autre disciple » se mettent à leur tour à courir au tombeau. Une course essoufflante où l’un devance l’autre puis se fait rattraper. Un tourbillon pour échapper à la nuit de l’incompréhensible comme nous cherchons à briser les questions qui tournent en boucle dans notre tête avec l’absence insupportable. Les voici saisis tous les deux par un constat : là où habitait la mort, il n’y a plus de mort. La mort n’a laissé aucune trace car tout est bien rangé. C’est alors qu’une idée nouvelle se met à germer en eux. Ce que ces hommes considéraient comme une vérité absolue sur la mort semble voler en éclat. Dieu est en train de visiter leurs raisonnements spontanés en empruntant un chemin inattendu. Il y aurait donc une autre vérité : la mort ne serait plus le terme de la vie ? La foi ne peut donc pas jaillir à partir de ce que l’on voit mais de ce que l’on ne voit pas. La foi n’est possible qu’en glissant du visible vers l’invisible, de l’extérieur vers l’intérieur. N’est-ce pas la raison pour laquelle nous sommes dans cette église ce matin : nous croyons en Celui que nous ne voyons pas. Et nous essayons ensemble de conjuguer le verbe croire, même en hésitant et en butant sur certaines affirmations !

 

    Il n’en reste pas moins que nous sommes bien démunis pour nous représenter la Résurrection.

 

    Ce n’est qu’avec l’arrivée de « l’autre disciple », « celui que Jésus aimait » que nous est donnée une clé qui peut nous ouvrir à la réalité de la Résurrection. « Il entra à son tour, il vit et il crut. » Ce verbe croire est le leitmotiv de tout l’évangile de St Jean. Du début à la fin. Un point capital : il semble que la foi n’est accessible qu’au « disciple bien aimé », celui qui partage une relation d’amour avec le Christ. Croire, c’est aimer, c’est se découvrir aimé ! Nous ne saurons jamais le nom réel de ce disciple, car ce peut être chacun de nous, vous et moi, qui peut se reconnaître en ce « disciple bien-aimé ». Au livre du Cantique des Cantiques, il est chanté que l’amour est aussi fort que la mort. Mais ce matin de clair-obscur, nous croyons que l’amour est plus fort que la mort. Parce que la foi en la résurrection est indissociable de l’amour. Oui, d’expérience, l’amour fait vivre, l’amour ressuscite la vie.

 

    Nous ne verrons jamais le Ressuscité avec nos yeux d'aujourd'hui. Pas plus que nous ne pourrons établir des preuves scientifiques de la Résurrection. Les preuves brisent la liberté. Si nous croyons que Dieu est amour, si nous nous aimons les uns les autres, alors les yeux de notre cœur s’ouvriront sur la présence de Celui qui, selon les mots de St Augustin, « est plus intime à nous-mêmes que nous mêmes ». N’oublions pas, avec Antoine de Saint-Exupéry : qu’« on ne voit bien qu’avec le cœur » !

 

    Malgré la clarté de ce jour, beaucoup de nuits nous paralysent encore. Elles traversent notre monde et notre Église. Elles sont aussi personnelles. Nous cherchons à comprendre et nous voudrions des réponses. Certains discours brandissent des promesses démagogiques en flattant le repli sur soi et en remettant en cause les droits fondamentaux de l’homme. Pâques nous invite à plus de hauteur d’humanité, à un déplacement de nos pensées et de nos comportements : c’est en luttant contre toutes les formes de mort, de haine, de non-sens, par l’amour fraternel, que nous ferons reculer les ténèbres, pointer la lumière, et vivrons du dynamisme de la Résurrection. Notre baptême nous fait porteurs de la Résurrection, pour toujours. Pâques est donc confié à nos cœurs et à nos mains, pour que beaucoup « voient et croient » ! Saintes fêtes à toutes et tous !

 

Père Bertrand ROY

Permanences d'accueil à la maison paroissiale

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