SIXIÈME DIMANCHE ORDINAIRE A

12 février 2023

 

    Sur la montagne du Sinaï, Dieu a donné les dix commandements à Moïse pour qu’il les transmette au peuple de Dieu, de génération en génération. C’était juste après la traversée de la Mer Rouge : la libération de l’esclavage en Égypte. Les dix commandements ont été donnés comme des balises pour ne pas retomber en esclavage, pour garantir la liberté véritable. L’esclavage n’étant pas que d’être emprisonnés par d’autres hommes, mais séduits et enfermés par l’égoïsme. Les dix commandements : c’est ce que les textes de la Bible appellent « la Loi ». Ces dix paroles nous aident à vivre dans l’amour de Dieu et dans l’amour des autres. C’est un état d’esprit qui doit s’exprimer par beaucoup de respect dans les paroles et les gestes du quotidien. Ce que Jésus va dénoncer, c’est la perte de cet état d’esprit au point d’exécuter à la lettre les commandements, en limitant l’application des commandements à ce qui nous arrange. On appelle cela le légalisme. « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens… et bien moi, je vous dis ». Jésus ne s’oppose pas à la Loi. Il brise les limites que nous nous fixons, et nous aide à comprendre la portée de nos paroles et de nos actes pour ne pas nous croire trop vite arrivés. Lorsqu'il parle du meurtre, il va de soi que nous pourrions lui répliquer : « Je n’ai tué personne ! ». Jésus nous pousse à aller à la racine de nos intentions et de nos réactions, même inconscientes, dans la relation aux autres. Il donne quelques exemples : certes, se mettre en colère contre quelqu'un ne va pas jusqu'à le supprimer mais porte en germe une violence qui est destructrice. Quand nos réactions sont blessantes, même si c’est face à des propos intolérables, nous entrons dans un cercle mortifère. C’est cette spirale que Jésus veut nous apprendre à freiner. Il ne s’agit pas de devenir des faibles qui se laissent écraser mais de stopper, par la force de la non-violence, ce qui ne mène en définitive qu’à la mort. Inverser les tendances spontanées pour les retourner vers la vie !

 

    Ce que Jésus reprend des commandements trouve son écho dans le texte des Béatitudes médité il y a quinze jours. En effet les Béatitudes reprennent, avec d’autres mots, la Loi donnée à Moïse. Jésus en rappelle la pertinence et l’urgence pour bien vivre ensemble et avec Dieu, mais surtout, il va accomplir parfaitement cette Loi jusqu'au don total de sa vie sur la croix. Ce qui lui donne autorité.

 

    Le texte de la Loi, des dix commandements, est fait de mots qui sont comme des poteaux indicateurs, indispensables pour ne pas se perdre. Mais les panneaux indicateurs d’une route ne font pas avancer une voiture ! La sève et le souffle de ces mots, c’est l’amour ! C’est l’amour qui nous élance : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même ». Or, quand on aime, on n’est jamais quitte. L’amour est un horizon jamais atteint parfaitement et définitivement. L’amour de Dieu avec l’amour des autres et l’amour de soi est un mouvement, une sortie de soi incessante. Ce mouvement dépasse les mots et les règles, même si ces mots et ces règles nous engagent déjà beaucoup. C’est passionnant ! Dans les deux sens du terme : la passion comme un projet enthousiasmant et la passion comme un projet éprouvant ! À la fois dynamisant, donnant un sens à l’existence mais déstabilisant, réclamant aussi du courage pour dépasser les égoïsmes. C’est cette passion de l’Évangile que Jésus nous propose. Il veut inscrire dans notre cœur l’Esprit Saint de la Loi pour nous libérer de toutes violences, les grandes comme les plus petites. Dans la culture actuelle où chaque individu est tenté de se faire sa propre loi, en bricolant des idées qui lui conviennent, sous prétexte de liberté, nous devons nous souvenir que la Loi est un don plus grand que nos sentiments spontanés, à recevoir !

 

    La journée nationale de la santé tourne notre attention vers les personnes malades, handicapées, âgées mais aussi vers les soignants, les aidants et les familles. Dans l’accompagnement des personnes souffrantes, nous faisons l’expérience d’avoir à élargir sans cesse le champ de notre présence, de notre attention, de notre soutien, de notre courage, de nos compétences, au-delà des conventions et des habitudes. Si les personnes deviennent des numéros ou des dossiers, traités sur ordinateur avec des quotas et des rendements, et que disparaît la relation, nous quittons l’humanité et nous nous éloignons de l’Évangile ! « Et moi, je vous dis, attention ! », nous rappelle Jésus. Le risque est grand aujourd'hui !

 

    Prions pour ne pas perdre le chemin sur lequel nous marchons à la suite de Jésus, chemin de fidélité à la Loi de l’amour, chemin qui fait croître la véritable liberté.

 

Bertrand ROY +

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