QUINZIÈME DIMANCHE ORDINAIRE A

16 juillet 2023

 

    Difficile de parler du Royaume de Dieu ! Ce n’est ni un territoire, ni un régime politique !

 

    Pour faire comprendre le mystère, c’est-à-dire la beauté et la profondeur du Royaume de Dieu, Jésus fait allusion à des choses simples de la vie quotidienne. Tantôt il évoque la nature et des activités professionnelles comme l’agriculture, la pêche, l’élevage, la vigne ; tantôt il parle des travaux ménagers comme faire du pain ou balayer sa maison. Il évoque aussi la fête, le repas, les mariages. On imagine que Jésus a pris le temps d’observer longuement la vie qui l’entourait avant d’en utiliser les éléments pour instruire les foules.

 

    Dans la parabole du semeur, Jésus nous parle de son activité principale : annoncer la Bonne Nouvelle. Avec cette parabole, il veut encourager ceux et celles qui poursuivront sa mission à travers le temps.

 

    Si les paraboles partent des réalités de la vie courante, vous l’avez remarqué, elles ont des limites et des incohérences. Elles suggèrent plus qu’elles ne définissent. Un bon agriculteur trouverait absurde de jeter du grain sur un chemin non labouré. Jamais un épi ne donne cent grains ! Saint Jean Chrysostome, au 4ème siècle, s’interrogeait : « Est-il raisonnable de répandre du grain sur la pierre, au milieu des épines, le long du chemin ? On reprocherait à juste titre au cultivateur de le faire : la pierre ne saurait devenir la pierre, les épines ne peuvent pas ne pas être des épines, le chemin ne peut pas ne pas être le chemin… » Sous-entendu : qui a appris son métier au semeur ? Ou encore : est-il habitué à gaspiller ? Tout le monde sait que seule la bonne terre donne des récoltes satisfaisantes. Souvenons-nous : déjà, ses disciples avaient trouvé étrange qu’après avoir passé une nuit sur le lac sans prendre de poisson, Jésus le charpentier, leur ait demandé de remonter dans la barque pour une nouvelle pêche. Les décisions et les exemples pris par Jésus déstabilisent ! Et c’est justement ce qu’il veut faire. Il veut ouvrir les yeux et les oreilles de ses auditeurs à la nouveauté qu’il est venu apporter. Il nous fait comprendre que le cœur de tout homme, quelle que soit son histoire, est promis à une transformation et est capable d’une transformation. Saint Jean Chrysostome le dit avec son langage : « Dans l’ordre des choses de l’âme, la pierre peut être transformée en une terre fertile, le chemin peut ne plus être foulé par les passants et devenir un champ fécond, les épines peuvent être arrachées et permettre au bon grain de fructifier ». Voilà qui remet notre existence dans une trajectoire de progrès possible et d’espérance. C’est ce qu’exprime Saint Paul dans la lettre aux Romains. Le Seigneur le dit aussi par le prophète Isaïe : « Ma parole qui sort de ma bouche ne me reviendra pas sans résultat ». Les pierres, les épines, le chemin gémissent eux aussi : ils aspirent devenir une terre féconde. Les pierres, cœurs durcis par tempérament ou par des événements, peuvent s’assouplir et craquer ! Les ronces, cœurs qui étouffent, esprits embroussaillés par les séductions de toutes sortes, peuvent se libérer des addictions et s’ouvrir au bonheur véritable ! Les chemins, cœurs piétinés dans leur sensibilité, leur affectivité, leur générosité, peuvent consentir à leur fragilité, se laisser affermir et avancer.

 

    Jésus est venu. Il a rejoint nos chemins raboteux pour nous dire : « Je suis le Chemin ». Il a labouré notre cœur par sa Parole. Il s’est fait la nourriture de notre chemin pour que notre vie soit bonne comme le pain.

 

    Jésus est venu. Il a habité le désert rocailleux. Il a été rejeté comme une pierre inutile. Mais la pierre rejetée est devenue pour nous la pierre d’angle de la construction de l’Église, la pierre sur laquelle on se repose pour devenir à notre tour des pierres vivantes.

 

    Jésus est venu. C’est lui le Messie, pas comme on l’attendait. Messie humilié, on lui a tressé une couronne de nos épines. La souffrance n’a pas étouffé l’amour. Le buisson est devenu ardent. Il est ressuscité. Les épines piétinées peuvent devenir terreau.

 

    Jésus est venu. Les gens voulaient le toucher, être guéris et partir. Lui voulait leur parler, nouer une relation de vie avec eux. Leurs yeux, leurs oreilles, leur cœur cherchaient ailleurs. Lui s’est obstiné à croire en eux. Jésus, jamais résigné devant les indifférences, les inconstances, les blocages, les souffrances de notre vie. Il espère toujours en la bonne part de notre vie, cette part qui n’a pas encore été mise au jour et qui peut porter du fruit. Jésus ne calcule pas, ne mesure pas. Il verse sa Parole d’amour et de paix dans tous les endroits de notre vie, qu’ils soient disponibles ou empêtrés. Il se faufile dans nos recoins obscurs. Il espère toujours. Il nous confie son espérance.

 

    Voilà la surprise que Jésus a voulu nous expliquer en inventant la parabole du semeur. Cette surprise peut nous aider à ne pas désespérer de nous-mêmes, en laissant l’Évangile nous imprégner. Cette surprise peut nous aider à ne pas désespérer des autres, de celles et ceux avec qui nous vivons, de notre monde et de notre Église, en continuant, malgré les obstacles à accueillir la foi, de semer avec Jésus, la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu.

 

Bertrand ROY +

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