SOLENNITÉ DE LA PENTECÔTE C

5 juin 2022

 

    Dans le credo, nous professons : « Je crois en l’Esprit Saint » !

 

    La fête d'aujourd'hui concentre notre attention sur celui que nous nommons l’Esprit Saint.

 

    Dès les débuts de l’évangile de saint Luc, l’Esprit Saint apparaît comme celui qui va secrètement animer et conduire celles et ceux qui vont accueillir Jésus le Christ, et comme celui qui habitera en plénitude le cœur et la mission de Jésus. Au jour de son baptême, l’Esprit Saint est manifesté comme celui qui, non seulement demeure en Jésus, mais unit le Père et le Fils. Et peu de temps après, dans la synagogue de Nazareth, lorsque Jésus se lance dans sa mission, lisant un passage du livre d’Isaïe, il affirme : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction, il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre les opprimés en liberté, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur ». L’Esprit Saint agit réellement mais sans se faire reconnaître en Jésus et par Jésus. Il nous arrive, en observant l’existence d’une personne, de nous demander : « De quel esprit vit cette personne ? » et de répondre : « De l’esprit de paix » quand cette personne est sereine et cherche la réconciliation, ou à l’extrême : « De l’esprit de violence » quand cette personne critique et rejette méchamment celles et ceux qui ne lui ressemblent pas. Si on pose cette question au sujet de Jésus, on répondra : « Jésus vit à tout moment de l’Esprit Saint, et qui plus est, il le donne abondamment à tous, le fait passer en tous par ses paroles et ses gestes de vie !

 

    Par souci pédagogique, l’Église a établi des fêtes qui décomposent en plusieurs étapes les différents aspects du mystère de Jésus. Dans l’évangile, certains de ces aspects célébrés séparément sont concentrés. Ainsi, dans l’évangile de saint Jean, quand Jésus meurt sur la croix, il est écrit que Jésus remit l’esprit. Ici le mot esprit est équivalent à l’Esprit Saint. Quand Jésus accomplit la révélation de l’amour du Père dans le don total de sa vie, il rend au Père et il répand sur le monde, le souffle vivant de l’Esprit Saint. Jésus ne garde rien pour lui. Au soir de la résurrection, à nouveau, Jésus communique l’Esprit Saint pour les envoyer dans le monde. À la croix et au soir de Pâques, dans l’évangile de saint Jean, c’est déjà la Pentecôte, parce que Jésus veut que l’Esprit Saint passe dans la vie de celles et ceux qui poursuivront sa mission. C’est toujours, d’un bout à l’autre, le même amour de Dieu qui est donné pour nous unir à lui et nous faire vivre. Jésus accomplit donc la promesse faite à ses disciples : « Je ne vous laisserai pas seuls… Je vous enverrai le Défenseur, l’Esprit Saint ». Les disciples devront passer de quelqu'un de visible et sensible, de Jésus, à une présence intérieure et discrète, l’Esprit Saint, d’une relation particulière à une relation universelle.

 

    Au jour de la Pentecôte, celui qui a animé la mission de Jésus, incognito, l’Esprit Saint, est donné en abondance à l’Église naissante. Les signes de sa présence sont forts. Le livre des Actes des Apôtres nous dit qu’il vient du ciel, autrement dit qu’il est un don de Dieu. Ensuite « comme un violent coup de vent » qui remplit tout : le vent qui aère, donne du souffle et emporte. Puis « des langues qu’on aurait dites de feu, et il s’en posa sur chacun d’eux » : une flamme unique mais partagée selon chacun. Église riche de la particularité de chacun ! Et voici la conséquence de ce don de souffle et de flamme : « Ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit ». L’Esprit Saint donne le courage de rejoindre les autres dans leur propre langage, dans leur culture, de se comprendre et permet ainsi la communication. C’est bien l’Esprit d’amour du Père et du Fils, artisan de communion ! À la Pentecôte, les disciples trouvent une nouvelle respiration et une nouvelle flamme alors que la mort de Jésus et la difficulté de croire en la résurrection les avaient suffoqués et éteints. Les voici animés d’un nouveau souffle, qui loin de diviser et de faire taire, leur donne l’audace de prendre la parole et de donner la parole, de briser les frontières.

 

    Ce même Esprit Saint poursuit l’œuvre de Jésus ressuscité dans l'Église et dans le monde. Il est vivant dans nos cœurs, donné en abondance à notre baptême et à notre confirmation, agissant en chaque sacrement, animant la vie de l’Église, reconnaissable en toute parole et tout geste d’Évangile, travaillant tous ceux et celles qui cherchent à vivre les Béatitudes. Nous sommes porteurs de cet Esprit Saint, ce trésor qui est davantage qu’une force et une lumière mais une personne. Comme pour l’Église des premiers jours, il nous faut du temps pour prendre conscience de l’Esprit Saint, cet hôte intérieur qui suscite en nous le dynamisme de la foi et le courage du témoignage, la joie de prier et de nous rassembler pour célébrer, l’audace de faire un monde fraternel.

 

    « Je crois en l’Esprit Saint » : Dieu qui se donne en personne ! Qu’il nous anime de son souffle et de sa flamme, dans l’Église et dans le monde.

 

Père Bertrand ROY

PENTECÔTE - PROFESSIONS DE FOI
à Sainte Maure

5 juin 2022

 

    Vous souvenez vous ? Le passage de l’évangile de cette fête de la Pentecôte qui vient d’être proclamé est le même que nous avons écouté et médité il y a quinze jours en l’église de Saint Benoît pour la remise de la Croix aux jeunes de la profession de foi À cette occasion, je vous avais proposé une méditation sur le sens du signe de la Croix.

 

    Pour comprendre ce que Jésus nous dit dans ce texte d’Évangile, je commencerai par une question : « Comment puis-je savoir que j’aime profondément quelqu'un ? » On peut répondre : « C’est quand je garde précieusement ses petits cadeaux que j’ai reçu ; quand j’ai avec moi des photos ou que je les mets en évidence là où je vis ; c’est quand je garde des lettres, des SMS, des e-mails et que je les relis encore, ranimant les sentiments, faisant remonter des souvenirs que je ne veux pas perdre. Voilà ce qui se passe quand nous aimons. Sans compter les rendez-vous et le quotidien partagé. Jésus ne dit pas autre chose dans l’Évangile : « Si quelqu'un m’aime, il gardera ma parole » ! Aimons nous suffisamment Jésus pour garder sa parole ? Garder la parole de Jésus en notre cœur, ne pas la laisser s’échapper. Garder, c’est être fidèle. Garder la parole de Jésus ne consiste pas à conserver un livre parmi d’autres livres que l’on n’ouvre plus après les avoir lu une fois. Garder la parole de Jésus nécessite de l’écouter, d’en chercher le sens, de la méditer et de la prier, comme l’a fait Marie la mère de Jésus, tous les saints et tous les chrétiens qui ont vécu avant nous. C’est ce que nous faisons dans nos assemblées du dimanche et nos rencontres en paroisse. Ce que les jeunes ont commencé et seront appelés à poursuivre en équipe « 12-15 ». Si c’est une question d’amour, ce ne devrait jamais être une corvée. « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ». Garder la parole de Jésus, pour que grandisse notre foi mais aussi notre amour. Car le commandement de Jésus, c’est de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. C’est notre amour des autres, à la manière de Jésus, qui vérifie notre amour de Jésus. Aimer Jésus, c’est le laisser aimer, par nous, tous ceux et celles avec lesquels nous vivons, et plus largement et prioritairement, tous ceux et celles qui traversent la souffrance. Partager notre argent et notre temps pour soutenir l’accueil des réfugiés de l’Ukraine et d’ailleurs, se gêner pour les autres, alors que nous sommes tentés de ne penser qu’à notre confort et nos loisirs, c’est aimer ! Rien n’est plus beau que d’aimer !

 

    Jésus savait très bien, pour l’avoir remarqué chez ses disciples, qu’il est facile d’oublier sa parole, de négliger notre amitié avec lui. Soyons honnêtes : aujourd'hui, il y a tellement de choses ou d’activités qui nous attirent et qui passent en premier, pour un bien-être replié sur nous. Aussi la foi n’est-elle qu'une roue de secours ! Autrement dit, on aime Jésus quand on en a besoin. Pour beaucoup, l’Église est une sorte de supermarché dans lequel je me sers et que je critique si elle ne répond pas, comme je veux, à mes demandes. Dire cela ce n’est condamner personne mais être réaliste. Pour lutter contre l’oubli de sa parole et de son amour, Jésus nous a fait deux cadeaux. Nous les célébrons spécialement dans cette fête de la Pentecôte : l’Esprit Saint et l’Église !

 

    Lorsque Jésus ressuscité, à l’Ascension, a cessé de se rendre visible à ses disciples, les hommes et les femmes à qui il avait confié de poursuivre sa mission en vivant de sa parole, il leur a promis de ne pas les laisser orphelins mais qu’ils recevraient le souffle et la flamme qui l’avait animé, son Esprit Saint. Parmi les qualités de l’Esprit Saint qu’il a présenté comme un Défenseur, il a souligné : « lui vous enseignera tout et vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ». Dans les pièces de théâtres, il y a toujours un souffleur, quelqu'un que l’on ne voit pas, mais bien présent et qui connaît parfaitement le texte. C’est lui qui souffle les phrases quand les comédiens sont paniqués et ne se souviennent plus de leur répartie. Sans lui, il y a des vides, la pièce est bloquée, le public s’en va. L’Esprit Saint est en nous comme le souffleur, notre aide-mémoire et notre pédagogue. C’est lui que nous avons reçu à notre baptême et que nous recevons en plénitude à la confirmation pour garder et approfondir la parole de Jésus et la vivre toujours mieux. Car notre seule intelligence et nos seules forces ne suffissent pas. L’Esprit Saint, c’est Dieu en nous.

 

    « Je ne vous laisserai pas orphelins… » Lorsque l’Esprit Saint est donné aux disciples à la Pentecôte, il est donné à la fois pour unir les uns et les autres dans le respect réciproque de la particularité de chacun et il est donné pour que chacun témoigne de l’Évangile. C’est la naissance de l’Église comme une famille. Les premiers chrétiens découvrent ainsi qu’ils n’ont pas perdu Jésus mais qu’il est vivant dans leur communauté : il en est le cœur. Ils peuvent s’appuyer les uns sur les autres et progresser dans la foi et l’amour les uns par les autres, réunis dans la prière et spécialement la célébration de l’Eucharistie. L’Église que nous formons, que nous cherchons quotidiennement à construire par nos diverses activités, groupes et services, nous est donnée comme une mère qui nous fait frères et sœurs et non comme un libre service. C’est elle, à la fois sainte, fragile et éprouvée, qui nous a fait naître à la foi, qui nous ouvre ses bras chaque dimanche, qui nous accompagne quotidiennement. Chacun de nous y a sa place à tenir avec les autres, quelque soit sa situation, sa disponibilité, son enthousiasme et ses questions. De notre naissance à notre mort, l’Église est notre famille. Elle n’existera pas sans nous.

 

    Nous ne sommes donc pas seuls pour vivre en chrétiens : nous avons le don de la Parole de Jésus : notre boussole, le don de l’Esprit Saint : Dieu en nous, et le don de l’Église : notre famille. Ces trois cadeaux sont à accueillir et à déballer tout au long de notre vie… pour être fidèles à Jésus et heureux de croire, d’espérer et d’aimer !

 

Père Bertrand ROY

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