SIXIÈME DIMANCHE DE PÂQUES C

22 mai 2022

 

    Il n’est pas anodin que le geste qui inaugure notre vie chrétienne, à la célébration de notre baptême, soit un signe de croix ! Un signe de croix sur notre front ! Sur notre front, une partie de notre visage. Le visage, c’est la porte qui ouvre sur notre être, la porte de notre humanité. Le front nous rappelle que nous sommes capables d’intelligence et de réflexion. Le signe de croix est tracé à trois reprises. Tout d’abord comme signe d’accueil dans la communauté chrétienne, comme nouveau membre de l’Église. Puis avec l’eau pour dire que notre vie est branchée définitivement sur la source de l’amour de Dieu. Enfin avec l’huile sainte, le saint chrême, qui pénètre la peau, pour nous imprégner de l’Esprit Saint, afin de ressembler, de jour en jour, au Christ Jésus : en un mot, devenir chrétien progressivement ! Un point de départ très officiel, célébré !

 

    Ce signe de la croix, nous commençons par le recevoir. Nous le recevons de l’Église, des autres chrétiens. Ensuite, nous apprenons à le faire, à le vivre, à en découvrir toute la beauté et la force. C’est le signe de l’amour de Dieu pour nous, de la mort et de la résurrection de Jésus. Il n’est donc jamais banal de le tracer sur notre corps, au secret de la prière dans notre maison, comme lorsque nous célébrons ensemble. C’est un signe qui nous engage à vivre de cet amour.

 

    Les jeunes qui reçoivent la croix aujourd'hui et qui la porteront au jour de leur profession de foi, la garderont chez eux comme un signe fort de leur baptême, de leur amitié avec le Christ Jésus, de leur volonté de vivre l’Évangile et de prendre part à la vie de l’Église. Elle sera un appel permanent.

 

    Le signe de la croix : un signe qui nous marque de la présence de Dieu.

 

    On se demande souvent où Dieu peut-il bien se cacher ? Les jeunes de Caté-Collège ont lu le texte de l’Exode où, le peuple de Dieu, dans l’aridité du désert, se posait la question : « Dieu est-il vraiment au milieu de nous ? » Question que beaucoup de gens se posent quand surviennent des malheurs ou des inquiétudes. « Où est-il ton Dieu ? » chantaient déjà les psaumes. Alors que nous cherchons Dieu dans des faits extraordinaires, Jésus nous donne une piste simple : « Si quelqu'un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure ». Dieu, Père Fils et Saint Esprit, vient faire sa demeure en nous. C’est ce qui se passe à notre baptême : nous sommes plongés dans l’amour du Père, du Fils et du saint Esprit. La demeure de Dieu, c’est chacun de nous. C’est nous quand nous descendons au profond de notre cœur : il est là ! Et c’est nous quand nous sortons de nous-mêmes pour aimer : il est là. Et c’est nous, tous ensemble, son Église : il est là.

 

    Cette présence fidèle ne peut pas se dérober et nous abandonner. Cette présence invisible que nous pouvons ignorer ou repousser parce qu’elle nous gêne. C’est bien pour cela que Jésus emploie deux verbes exigeants : garder et demeurer. La tentation est grande de commencer et d’arrêter. « Si quelqu'un m’aime, il gardera ma parole » Il s’agit de rester fidèles à la parole de Jésus, de ne pas perdre ce qu’il nous dit, de continuer de l’écouter et d’approfondir son message, alors que le zapping est si facile. Vivre de son Évangile, c’est notre manière de l’aimer, de lui prouver notre attachement. D'ailleurs, Jésus ne cherche rien pour lui. Ce qu’il veut, c’est que nous nous supportions de vivre ensemble. Il n’a pas dit : « Aimez-moi » mais « Aimez-vous » : c’était l’évangile de dimanche dernier. Et saint Jean de monter d’un cran : « Si quelqu'un dit qu’il aime Dieu et qu’il n’aime pas son frère, c’est un menteur ». On n’a jamais fini de connaître Jésus parce qu’on n’a jamais fini d’apprendre à aimer les autres. La présence fidèle de Jésus en nous appelle notre propre fidélité, notre réponse. Le verbe demeurer ne dit pas autre chose. Et ce qui est étonnant, c’est que garder et demeurer, ces verbes qui pourraient nous faire croire qu’il s’agit de faire du « sur place », d’être passif, en réalité, nous invitent à bouger, à être en progrès constant. La Parole de Dieu, accueillie dans nos cœurs, nous met sans cesse en mouvement vers Dieu et vers les autres. La vie chrétienne n’est pas immobile. Elle est tout le contraire de la ringardise ou du conservatisme. Comme l’a si bien décrit le poète chrétien Christian Bobin, Jésus, c’est l’homme qui marche. Il a passé sa vie à marcher, bouleversant tout sur son passage, recevant tout de face, les cris de joie comme les injures, sans ralentir son pas, jusqu'à la croix. Il nous entraîne à sa suite pour être ses disciples et faire de notre vie un mouvement d’amour. C’est pourquoi tracer le signe de croix est un mouvement qui vient toucher tout notre être pour marcher ensemble vers le Royaume de Dieu. Il faut être un peu fou pour mettre nos pas dans ceux de Jésus et pour croire, avec lui et par lui, que l’amour est plus fort que la haine et que la vie a vaincu la mort. C’est cette folie ce que je vous souhaite : soyez les fous du Christ et de la Bonne Nouvelle.

 

P Bertrand ROY

Permanences d'accueil à la maison paroissiale

Mardi, mercredi et vendredi de 15 heures à 17 heures ;

Un samedi sur deux de 9 h 30 à 11 h 30 (hors congés scolaires).

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