SOLENNITÉ de PÂQUES

9 avril 2023

 

    Quand on lit attentivement l’évangile de Saint Jean retenu pour la solennité de Pâques, on ne peut pas dire que tout explose de joie. Nos Alléluias semblent assez décalés de l’ambiance de ce petit matin, comme ils peuvent l’être, tout près de nous, ou plus loin, pour des personnes éprouvées par le deuil ou la maladie, pour des familles brisées par la guerre ou toute autre violence, pour tous ceux et celles qui n’arrivent pas à croire. Marie Madeleine est encore dans les ténèbres. À sa douleur d’avoir perdu Jésus, s’ajoute de la consternation et de l’affolement : la pierre du tombeau est roulée. Qui a bien pu faire cela, lui voler le corps de celui qui l’avait sorti de ses ornières ? Elle se précipite alors auprès des disciples : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis ». Malgré l’absence, malgré les questions, elle continue d’être habitée par le désir ardent de trouver le Christ. Le désarroi, le découragement, le doute voudraient avoir raison de cette voix intérieure qui la travaille, la laisse insatisfaite, la garde en éveil : « Nous ne savons pas où on l’a mis… », sous entendu : il doit bien être quelque part ! Le message de la résurrection va prendre du temps pour rejoindre son cœur. Elle a des étapes à franchir pour faire l’expérience intérieure de la résurrection. Il faut qu’elle-même ressuscite pour découvrir le Ressuscité ! Rien d’anormal ! Non, rien d’anormal pour nous aussi. Il est bien rare que nous connaissions la clarté de la foi d’une manière éblouissante et permanente. Même les plus grands saints ont eu de longues traversées de doute et de nuit, maintenus par un fil invisible de lumière. Nous avançons souvent au petit matin naissant plutôt que dans les feux du plein midi. La foi n’est jamais une évidence qui s’impose. Elle respecte notre liberté et nos parcours fragiles.

 

    Ce que nous dit cet évangile, c’est que Marie Madeleine n’arrivera pas toute seule à accueillir la joie de Pâques. Elle court rejoindre les disciples de Jésus. Ces disciples vont se rendre au tombeau, essayer de comprendre la signification du vide et des linges pliés. Ce vide et ces linges rangés leur annonceront silencieusement que Jésus est vivant, autrement et ailleurs, et que le suaire n’a plus d’utilité : la mort est morte ! Ils auront aussi besoin de Marie Madeleine pour avancer. Ils ne peuvent pas passer de l’obscurité à la lumière les uns sans les autres. La foi, pour autant qu’elle est personnelle, n’est jamais une démarche isolée : elle se vit toujours en relation, en communauté. Le fait est que si nous sommes devenus chrétiens, enfants, jeunes et adultes, c’est grâce au témoignage, même imparfait, de multitudes d’hommes et de femmes saisis par le Christ qui ont croisé notre route, en famille, des amis, en paroisse ou encore des témoignages recueillis dans un livre, sur des réseaux sociaux ou un film. Des gens simples, laïcs, prêtres et diacres, religieux et religieuses, rayonnants, compatissants, contagieux du Christ et de l’Évangile, qui nous ont accompagnés, qui ont osé nous dire : « Viens et vois ! » Nous avons tous besoin les uns des autres pour vivre comme pour croire ! Nous aussi avons pu aider d’autres à croire ! C’est là, la raison d’être de l’Église, notre famille, tissée, jour après jour, par la foi et la fraternité.

 

    La mort et la résurrection de Jésus sont le cœur battant de la foi chrétienne. Cet événement unique s’est inscrit dans l’histoire pour toujours. L’Église porte humblement ce précieux événement, non seulement dans ses paroles qui appellent à la vie et à l’amour, mais aussi dans des gestes bien particuliers. Alors comment accueillir cet événement, cette puissance de l’amour qui fait passer de la mort à la vie, dans notre aujourd'hui ? La présence de Jésus ressuscité, aussi discrète qu’au matin de Pâques, est enfouie dans les sacrements. Jésus l’a voulu ainsi et promis ! Si le Christ n’est pas ressuscité, alors les sacrements sont aussi vides que le tombeau ! Même si nous n’en saisissons pas toute la portée, les sacrements nous communiquent la vie de Jésus mort et ressuscité. Avec des choses de la vie ordinaire mais tellement parlants : l’eau, le pain et le vin, l’huile, animés par la parole et le souffle. Les sacrements nous greffent sur Jésus, Lui l’eau vivifiante, le pain qui nourrit et le vin qui réjouit, l’huile qui adoucit et fortifie. Baptême, confirmation, eucharistie, pardon, mariage, ordination et onction des malades nous transmettent l’Esprit Saint du Christ ! L’Esprit, qui a ressuscité Jésus d’entre les morts, nous est donné secrètement dans les sacrements, pour que, par sa force, nous passions de la mort à la vie, de la violence à l’amour, de la peur à la confiance, du trouble à la sérénité, de la paralysie à l’audace, de la tristesse à la joie. Belle et sainte fête de Pâques !

 

Bertrand ROY +

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