TRENTE DEUXIÈME DIMANCHE ORDINAIRE C

6 novembre 2022

 

    Après la fête de la Toussaint et tout au long de ce mois de novembre, la liturgie nous propose de tourner notre regard, notre réflexion et notre prière vers la fin de notre vie et aussi vers la fin du monde.

 

    Au temps de Jésus, le peuple juif était composé de différents groupes qui avaient des perceptions différentes de la foi, liées à leurs origines, à leur culture, à leur histoire. Vous avez souvent entendu Jésus rencontré des pharisiens mais aussi des zélotes. Aujourd'hui ce sont des sadducéens. Comme souvent, ces groupes qui s’opposent, interrogent Jésus pour savoir si ce à quoi il croit est conforme, de quel groupe il se réclame. La parole de Jésus dérange ceux qui l’interpellent, aussi entrent-ils souvent en conflit avec lui au point de vouloir le supprimer.

 

    Les sadducéens, nous dit saint Luc, affirment qu’il n’y a pas de résurrection, et ils veulent montrer à Jésus qu’il est stupide d’y croire. Ils ressortent du livre du Deutéronome, ce qu’on appelle la loi du lévirat et qui incite une veuve sans enfants à se marier avec son beau-frère pour espérer une descendance, et cela autant de fois qu’il le faudra pour que le nom ne soit pas perdu. C’est ce qui est évoqué avec l’histoire des sept frères qui ont successivement la même femme. Il n’est donc pas question de vie après la mort auprès de Dieu. La seule continuité imaginable est de se prolonger à travers le temps par l’extension de sa descendance.

 

    L’histoire racontée par les sadducéens au sujet de la résurrection nous aide à comprendre quelle est notre représentation spontanée de la continuité et de la transmission. Il ne s’agit pas ici de la théorie scientifique de « l’homme augmenté » : toutes ces recherches pour exister indéfiniment sur terre qui avouent notre peur de la mort, le refus d’assumer les limites de la condition humaine, et cette poussée incontrôlée de toute puissance que s’arrogent les êtres humains, même pour supprimer la vie. Il est bien naturel nous nous préoccupions de savoir s’il y aura une suite à notre vie, non pas dans l’au-delà, mais ici-bas. Que restera-t-il de ce que j’ai fait, des relations nouées ? Y aura-t-il quelqu'un pour se souvenir de moi après ma mort ? Combien de gens aujourd'hui choisissent de se faire incinérer parce qu’ils pensent que personne n'ira au cimetière pour fleurir leur tombe et s’y recueillir.

 

    Ces questions ne sont pas qu’affectives, comme si nous avions besoin de savoir que nous resterons vivants dans la mémoire de ceux qui nous survivront. Ce sont des questions plus profondes, qui concernent la continuité de l’humanité. Si l’homme et la femme donnent la vie à des enfants, c’est précisément pour déployer une histoire dans laquelle chaque génération laisse la place à la suivante. Nous retrouvons ici les sadducéens qui se représentent l’avenir sous cette forme de transmission, avec la nécessité de faire perdurer un peuple.

 

    Or, ce que Jésus annonce par la Résurrection, n’est pas cette extension des générations à travers le temps. La résurrection n’est ni une prolongation en mieux, ni une répétition de notre existence, ni une réincarnation : c’est un autre monde qui se construit toutefois dès maintenant. C’est le don d’une existence nouvelle dans laquelle chacun ne perd pas sa personnalité pour se fondre dans un autre. Chacun est accueilli en Dieu comme un être unique et aimé. Les relations ne sont plus marquées par la temporalité comme nous en avons l’habitude sur terre mais par l’éternité, ce que veut dire : « être comme des anges ». L’amour ne sera plus enfermé dans la frontière des sympathies ou des antipathies mais il sera universel, comme celui de Dieu pour toute l’humanité.

 

    Nous sommes invités à reconnaître que ce monde nouveau auquel Dieu nous convie est déjà commencé puisque nous y sommes entrés par notre baptême. Cette réalité de la vie qui ne finit pas, de la communion dans l’amour, reçue en germe au baptême, est en développement dans tout ce qui fait notre vie présente. Elle est à faire fructifier jusqu'à son plein épanouissement dans le Royaume de Dieu. Une prière de la messe le dit : « Dans cette existence de chaque jour que nous avons reçu de ta grâce, la vie éternelle est déjà commencée : nous avons reçu les premiers dons de l’Esprit par qui tu as ressuscité Jésus d’entre les morts, et nous vivons dans l’espérance que s’accomplisse en nous le mystère de Pâques ». Être chrétiens, c’est habiter cette terre et notre existence quotidienne, animés par le souffle de l’amour qui fait vivre éternellement et avec la certitude que Dieu veut nous conduire vers un achèvement que nous ne connaissons pas. Ce qui nous permet de relativiser ce que nous avons, ce que nous espérons transmettre, ce que nous sommes devenus. Ce qui est premier, c’est la dignité profonde et éternelle que nous avons reçue de Dieu et que nous entretenons en vivant l’Évangile. Notre vrai visage sera pleinement révélé dans le monde nouveau où le Seigneur nous recevra comme il l’est pour elles et ceux qui nous ont quittés et qui partagent sa vie éternelle. Voilà l’espérance qui peut apaiser nos cœurs marqués par le deuil et nous aider à poursuivre notre chemin dans la communion du ciel et de la terre.

 

Bertrand ROY +

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