VINGT CINQUIÈME DIMANCHE ORDINAIRE C

18 septembre 2022

 

    Ce dimanche, la liturgie parle de l’argent, des comportements différents à son égard et des conséquences pour la vie de chacun !

 

    Dans la première lecture, au temps du prophète Amos, sous le règne de Jéroboam II, le Royaume du Nord en Israël connaît une période de très grande prospérité. Il y a abondance, splendeur, démesure et orgueil ! Les riches, une minorité, vivaient dans l’opulence tandis que la justice faisait défaut. Nous l’avons entendu : les pauvres étaient affligés, exploités et même vendus en esclavage. Argent acquis par escroquerie et biens confisqués aux malheureux. Autant d’attitudes insupportables et infidèles à l’Alliance et aux Commandements. Comment peut-on dissocier à tel point l’amour de Dieu et l’amour du prochain ? Par son prophète, Dieu tape du poing sur la table : « Non, jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits ». Par la soif de posséder et de profiter, des hommes écrasent d’autres hommes, sans scrupule ! Processus bien moderne qui consiste à utiliser l’argent pour dominer. Les invectives d’Amos demeurent tragiquement d’actualité. Elles pourraient bien être envoyées à celles et ceux qui préparent le Mondial de football au Qatar, aux détenteurs de jets privés, à tant d’entreprises qui font d’énormes profits tout en licenciant… tandis que des populations ne peuvent plus survivre dans leur pays et sont mises sur les routes ! Comment rester passifs devant le gaspillage de notre société de consommation, devant l’avidité des dernières possessions entretenue par nos sociétés, et cela dès le plus jeune âge ? Et Dieu n’oublie pas : il continue d’envoyer des hommes et des femmes pour appeler autant à la justice sociale qu’à s’ouvrir et éduquer à des préoccupations plus nobles et vitales.

 

    Il n’est donc pas facile de parler d’argent, parce qu’en parler c’est nous situer ! Quand il en est question dans les textes de la Parole de Dieu, certains s’énervent, estimant que cette réalité n’a rien de spirituel et relève de la vie privée et fait entrer sur le terrain délicat de la politique. C’est alors se tromper de religion, oublier que Jésus s’est fait pleinement homme pour nous aider à vivre humainement sous le regard de Dieu et c’est réduire la vie chrétienne à ce qui nous arrange. Comme si on ne gardait de notre Bible que les textes qui ne nous remettent pas trop en question. Aussi, comme l’ont bien dit les livres du Deutéronome et de l’Apocalypse : « Ne diminuons pas la Parole de Dieu », même si les questions posées par cette Parole de Dieu mettent le projecteur là où on ne veut pas regarder ! La justice sociale n’est pas une annexe facultative de l'Évangile !

 

    La parabole de saint Luc est assez énigmatique. Il y est question d’un maître qui renvoie son gérant et fait ensuite son éloge. Quant à ce gérant, il remet des dettes qui ne sont pas les siennes et dilapide les biens du maître. Et Jésus parle de l’argent malhonnête pour se faire des amis. Nous invite-t-il à tricher ?

 

    Pourquoi l’argent est-il dit « malhonnête » ? Il l’est en soi parce qu’il feint de promettre ce qu’il ne peut pas donner. Il devient une idole qui cache son nom quand on espère tout de lui. En cela, il est trompeur, comme le gérant de la parabole dont les comptes sont faux. L’argent et tous nos biens ne peuvent pas devenir notre identité profonde. Mais notre identité profonde se vérifie aussi dans notre relation à l’argent et aux biens.

 

    Jésus sait qu’on ne peut pas vivre sans argent. Il a fréquenté les pauvres de son pays qui ne bénéficiaient d’aucune aide financière et étaient forcés de mendier. Jésus ne méprise pas l’argent mais il interroge la manière dont on l’acquiert, dont on le gère et l’usage qu’on en fait… et surtout la soif qu’on en a ! Il remet tout à sa juste place : au lieu de faire de l’argent un instrument de fascination, d’asservissement et d’injustice, faisons-en un instrument d’amitié et d’équité. Il ne s’agit donc pas de diaboliser les échanges financiers mais de vérifier ce qu’ils produisent : plus d’humanité et de bonheur pour tous ou plus de possession pour quelques uns au détriment de beaucoup ? « Les demeures éternelles » dont parle Jésus, sont le lieu de l’amitié et de l’équité, de la communion en Dieu. Le vrai bien, c’est Dieu parce qu’il est la vie qui ne passe pas.

 

    « Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent » : parole tranchante de Jésus. Pourtant, Jésus a aussi fréquenté des gens qui avait fait de l’argent leur dieu au point d’opprimer les pauvres. Pensons à Zachée, Matthieu… Des rencontres sans compromission qui ont mis en lumière leur idolâtrie et les en a dégagés. Ils ont découvert la joie profonde et durable de devenir amis du Christ et ont appris le partage et la justice. Ils ont transformé leurs astuces à la malhonnêteté pour le service de l’amour et de la foi. Fils de ce monde, ils sont devenus fils de la Lumière ! C’est cette fameuse habileté du gérant malhonnête que Jésus nous invite à imiter, non pour faire le mal, mais pour faire advenir le Royaume de Dieu, pour grandir les uns avec les autres en solidarité et liberté, et donc en amitié.

 

Père Bertrand ROY

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